Pour sa première au 4e échelon du football espagnol, à domicile le Stadium sera d’emblée jeté dans le bain avec un derby face au rival du Réal Avilés. Une suprématie locale est en jeu, mais surtout deux visions opposées du football.
« Sin miedo a Tercera ! », soit « Sans peur en Tercera ! », c’est le mot d’ordre du club pour sa première saison dans la catégorie. Mais aujourd’hui, il faudra passer du slogan aux actes sur le terrain. Et en guise de mise en bouche, le hasard du calendrier a réservé au Stadium un adversaire corsé. « Une entrée en matière chargée d’émotion et de rivalité, comme tous les derbys avilesinos » souligne sur son site le club né à Llanares, quartier ouvrier de la ville.
Le Stadium né de l’opposition à ce football guidé par les intérêts personnels et patronaux
Ce derby a forcément un goût particulier car le Stadium Avilés est né, dans une période compliquée pour le football local, à l’initiative de socios du Real Avilés regroupés autour de la plateforme « Por un Avilés de sus socios » en 2015, soutenue aussi par d’anciens joueurs du club comme Quico ou Cernuda. Créée dans le but de promouvoir le football populaire, cette plateforme a poussé la logique jusqu’au bout en mettant sur pied un club dirigé exclusivement par les socios. Et cinq ans après, les deux clubs se retrouvent dans la même division. La pression ne peut ni ne doit pas être sur les épaules des joueurs stadistes.
Les conditions seront loin d’être idéales pour une telle affiche. Le club aurait bien évidemment préféré disputer ce derby dans une vraie ambiance de derby. Il sera encadré par un protocole sanitaire stricte, pandémie de Covid-19 oblige. Maigre consolation, alors que les huis clos sont légion, 510 personnes sont néanmoins attendues au Muro de Zaro. Elles seront obligées de rester assises, mais la période a appris à s’en contenter.
Football populaire vs football moderne ?
Les hommes de Lucho Valera vont avoir fort à faire, et ils le savent. L’équipe a relativement peu bougé par rapport à la saison dernière, mais la préparation d’avant-saison dans le contexte que nous connaissons est jugée satisfaisante par le staff. Dans un derby, les valeurs à aller chercher ne sont pas seulement techniques ou tactiques. L’état d’esprit est aussi un élément essentiel. Surtout quand on est sans repères à ce niveau comme le Stadium Avilés, face à son adversaire beaucoup plus expérimenté. De son côté le Real s’est sérieusement renforcé avec un recrutement qui ressemble à celui d’un candidat à la montée en Segunda B. Derrière ce changement de standing et d’ambitions, l’arrivée en septembre dernier de l’homme d’affaire gijonés Diego Baeza à la tête de la SAD.
Le CF Real Avilés SAD, de son nom complet, est le club historique de la ville. Ses performances récentes dans la division lui interdisent tout excès de confiance face à son voisin promu, porté par sa dynamique victorieuse de la saison dernière. Mais en coulisse, le projet de football populaire initial semble avoir un peu de plomb dans l’aile, et ce depuis plusieurs mois. Le club n’est d’ailleurs plus réellement reconnu par ses pairs comme un acteur du mouvement du futbol popular. La faute à une équipe de direction, présidée par José Manuel Sal de Rellán, qui a verrouillé le club l’éloignant de ses projets sociaux ambitionnés à la naissance du club.
Une trajectoire déviée qui réduit considérablement le fossé censé séparer les deux clubs. Le Stadium reste une émanation du football populaire, mais cette flamme est en train de s’éteindre, même si le club continue d’annoncer être porteur d’un football par le peuple et pour le peuple. Il faut se méfier des slogans trop beau. Mais à Avilés, les socios ont déjà montré par le passé qu’ils savaient ne pas se laisser faire. Alors souhaitons que le football populaire reviennent pour de vrai dans la ville asturienne.
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