Contre le football moderne et son monde!
Comme nos lieux de travail ou nos quartiers, le football que nous aimons tant est aussi un terrain de lutte contre le capitalisme.
Que le football qu’on nous impose ne soit qu’un spectacle marchand, dont patrons et propriétaires cherchent seulement à tirer profit, n’est pas une fatalité. Chaque déclaration de dirigeant ne fait que confirmer une chose: leurs intérêts sont contraires aux nôtres. Notre passion sera toujours entravée et limitée par leur recherche de bénéfices, par leur politique de valorisation des joueurs pour les revendre comme de vulgaires marchandises, ou par leurs mesures répressives contre les supporters pour pouvoir mieux commercialiser leur “produit” auprès des diffuseurs.
Cette contradiction avec les dirigeants s’avère toujours plus flagrante et brutale en période de crise. Et ce n’est pas comme si la crise n’était pas inhérente au mode de production capitaliste.
Depuis son invention comme instrument disciplinaire dans les Public Schools anglaises, le football n’a jamais cessé au long de son histoire d’être un sport contrôlé par l’élite sociale. Pur produit de la société industrielle, tel un miroir, le football s’est modelé au rythme des restructurations et évolutions de celle-ci, du paternalisme industriel à la mondialisation du capitalisme. Le passage de l’un à l’autre est souvent résumé à certains moments charnières comme l’élection de Joao Havelange à la tête de la FIFA – et son célèbre “Je suis là pour vendre un produit appelé football” – la création de la Premier League anglaise en 1992 – et le premier apport financier d’ampleur de la télévision – ou encore l’arrêt Bosman qui a libéralisé les transferts à l’intérieur des frontières de l’Union Européenne à partir de 1995.
Le début des années 90 symbolise ce virage libéral de l’industrie du football et l’entrée dans l’ère de ce qu’on appelle le football moderne.
Contrairement à une idée reçue, le football n’a pas été “créé par les pauvres”. Mais cette idée reçue ne vient pas de nulle part. Ce sont des prolétaires et des enfants de prolétaires qui ont écrit ses lettres de noblesse. Nous ne sommes pas dupes des tares du football et de l’ancrage solide de l’idéologie capitaliste en son sein: marchandisation totale, mentalité individualiste, culte de la performance, nationalisme, etc. Mais il existe à l’intérieur de ce monde là des poches de résistance, impliquées dans la lutte pour un autre football, que ce soit sous la forme de clubs de football populaire, de groupes de supporters ou encore de médias engagés. Avec les travailleurs et travailleuses de cette industrie, elles détiennent une partie des clés pour abolir le spectacle actuel. Nous sommes de ce côté-là de la barricade.
Nous sommes persuadés qu’un autre football est possible, si on s’attaque au système économique qui le porte.
Nous n’avons pas de programme clé en main à servir sur un plateau. Nous n’avons pas cette prétention. Et, de la même manière que ce football qui nous fait vibrer, changer le monde, en finir avec le capitalisme, ne peut être qu’une production collective. Dialectik Football n’est qu’un outil parmi d’autres. Notre voix s’additionne à toutes celles des passionnés, footballeurs ou supporters, qui veulent un football sans patron dans une société sans classes.