Alors que les proches d’Ugo Russo, jeune napolitain assassiné par la police italienne en 2020, se heurtent à de nombreux obstacles dans leur combat, le Comité “Vérité et Justice pour Ugo Russo” entend remettre un coup de projecteur sur cette histoire en demandant au mouvement du Sport Popolare de multiplier les banderoles de soutien.
Nous nous joignons à l’appel et le relayons pour aider modestement à ce qu’il dépasse les frontières.
Dans la nuit du 29 février au 1er mars 2020, Ugo Russo, un garçon de 15 ans des Quartieri Spagnoli de Naples, a été abattu par un carabinier qui n’était pas en service. Une mort sur laquelle plane une forte suspicion d’exécution, car Ugo a été tué de trois coups de feu par le carabinier à qui il essayait de prendre la montre avec un faux pistolet; le troisième coup l’a atteint derrière la tête, alors qu’il tentait de s’échapper, blessé par les deux autres coups.
Depuis, un an et demi plus tard, un silence total s’est abattu sur ce qui semble être, sur la base de la dynamique qui a conduit à la mort d’Ugo cette nuit-là et des résultats de l’autopsie elle-même, une condamnation à mort sans appel. Ce silence est contrebalancé par le bavardage assourdissant de la respectabilité et des légalistes, qui ont jeté une avalanche de boue sur la mémoire d’Ugo et de sa famille, en faisant ressortir les habituels stéréotypes pseudo-sociologiques sur le Sud, les banlieues, les quartiers pauvres : la “vocation criminelle”, les “contextes camorristes”, l’illégalité. Personne ne s’est intéressé à la vie de ce garçon de 15 ans qui a grandi dans un quartier populaire et une zone sans perspectives, et qui a été contraint d’exercer un travail précaire et sous-payé. Personne ne s’est intéressé aux désirs et aux aspirations d’un jeune homme qui avait toute sa vie devant lui. Pas un mot n’a été consacré à l’absence totale de structures de socialisation, de formation et de sport dans les quartiers populaires, ni à l’absence de possibilités réelles offertes aux nombreux Ugo Russo de construire leur propre chemin. Parce que malgré le discours des institutions et des médias, ces quartiers restent totalement invisibles, quand ils ne font pas l’objet d’une rhétorique et d’étiquettes visant à les criminaliser.
Le sport populaire – qui est né et se développe dans ces régions – peut être un outil très efficace pour lutter contre le silence imposé par ceux qui ne veulent pas que la vérité éclate. Sa transversalité et son ancrage dans les quartiers populaires nous permettent de briser ce silence et de continuer à parler d’Ugo et de son histoire. Comme cela a déjà été le cas dans la solidarité dont a fait preuve le mouvement du sport populaire dans les affaire de Stefano Cucchi, Federico Aldrovandi ou encore Ciro Esposito.
Nous lançons un APPEL à toutes les structures du Sport Popolare en les invitant à agir aux côtés de la famille d’Ugo. Nous demandons à chacun d’afficher – dans les gradins, dans les salles de sport, lors des activités de quartier – une banderole pour soutenir la voix des nombreuses personnes qui, depuis un an et demi, n’ont jamais cessé de demander “Vérité et Justice”.
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