Mort de deux supporters de Colo-Colo: “Leurs vie vaut plus que n’importe quel match”

(©FELIPE ZANCA/PHOTOSPORT)

Alors qu’il célèbre son centenaire en ce mois d’avril, le club de Colo-Colo pleure la mort de deux jeunes supporters, Mylan et Martina, causée par la police aux abords du Monumental. En réaction, le match de Copa Libertadores face à l’équipe brésilienne de Fortaleza a été interrompu par la colère émeutière des tribunes. Colo-Colo s’expose à de lourdes sanctions de la CONMEBOL.

On jouait la 68e minute au Monumental de Santiago, quand des supporters de Colo-Colo ont brisé les plexiglas de leur tribune, avant d’envahir le terrain et mettre un terme définitif à la partie. La nouvelle de la mort de Mylan, 12 ans, et de Martina, 18 ans, venait de se répandre dans les travées. Comment alors continuer à chanter et encourager dans ces conditions? Interrompre le spectacle était un devoir. “Leurs vie valent plus que n’importe quel match“, expliquent les antifascistes de la Garra Blanca – la barra brava la plus populaire du Chili – en solidarité avec les deux familles “détruites par le comportement criminel des flics et les protocoles de sécurité qui n’ont jamais été conçus pour le bien des supporters“.

C’est une horrible sensation que les supporters de Colo-Colo ne connaissent que trop. Ces quinze dernières années, au moins cinq supporters colocolinos ont vu leur vie volée par les “pacos”. De quoi nourrir la haine tenace à l’égard de la police. On se souvient de Jorge Mora dit “El Neco”, tué par la police anti-émeute à l’issue du match contre Palestino, le 28 janvier 2020. Peu après, c’était le jeune Ariel qui était abattu par les carabiniers. Les jeunes Mylan et Martina s’ajoutent à cette liste tragique dans un contexte de criminalisation des mouvements de supporters de la part des autorités chiliennes et des sociétés anonymes qui administrent les clubs.

Superclásico reporté, huis clos en Copa Libertadores

Le programme “Estadio Seguro” – mené par le ministère de l’Intérieur au nom du maintien de l’ordre dans et aux abords des stades – est dénoncé depuis des années par les barras bravas et de nombreux supporters. Cette conflictualité illustre le fort antagonisme de classe qui traverse le football chilien et qui s’est encore vérifiée avec la grande implication des groupes de supporters lors de la révolte d’octobre 2019. Les revendications sociales portées dans la rue rejoignent de façon évidente le combat mené contre les sociétés anonymes, et leur accaparement des clubs de football. La SA Blanco y Negro – qui administre Colo-Colo – a sans surprise été pointée du doigt pour son manque de compassion envers les familles.

Pour cette bourgeoisie, le football est avant tout une histoire d’intérêts économiques froids, à l’image du club de Fortaleza qui cherche lamentablement à obtenir les 3 points de la victoire sur tapis vert. En tant qu’organisateur, le club de Colo-Colo risque de lourdes sanctions pouvant aller jusqu’à la suspension des compétitions continentales de la CONMEBOL. En attendant ces décisions disciplinaires, Colo-Colo a vu le Superclásico contre Universidad de Chile être reporté en raison des risques et se prépare, pour son prochain match de Copa Libertadores, à accueillir l’équipe argentine du Racing, à huis clos. Mais tout cela sera toujours bien dérisoire à côté de la mort de Mylan et Martina.

Be the first to comment

Leave a Reply

Your email address will not be published.


*