
Le club londonien, professionnel depuis 1905, voit sa première qualification européenne compromise par son actionnaire principal, la société multipropriétaire “Eagle Holdings” de John Textor, également propriétaire de l’Olympique Lyonnais. Pour d’évidentes raisons d’équité, le règlement de l’UEFA interdit la participation de deux clubs ayant un même propriétaire à ses compétitions.
Sa première qualification européenne, Crystal Palace ne l’a volée à personne. Le club l’a arrachée face à Manchester City à Wembley, en remportant la première FA Cup de son histoire. Mais il se pourrait bien que “Palace” voit sa découverte du parfum des soirées européennes menacée – on lui épargnera de comptabiliser son élimination en 1998 par l’équipe turque de Samsunspor au 1er tour de la Coupe Intertoto. En 1991 déjà, sa 3e place en championnat de 1ère division ne lui avait pas permis de prendre part à la Coupe UEFA en raison des sanctions frappant les clubs anglais suite au drame du Heysel.
Cette fois-ci, c’est le fléau de la multipropriété qui pourrait bien lui porter préjudice. Bien connu dans l’Hexagone depuis qu’il a acquis l’Olympique Lyonnais en juin 2022, John Textor détient aussi 43% des parts de Crystal Palace, suite à un investissement de 90 millions de livres sterling en 2021. Textor ne s’arrête pas là puisqu’il est l’actionnaire majoritaire du club brésilien de Botafogo et du club belge de Molenbeek. Il a déjà montré les avantages qu’il pouvait tirer de cette multipropriété en facilitant les transferts de joueurs de Botafogo vers l’OL.
Le fonds fiduciaire pour contourner le règlement
En revanche, il n’a pas anticipé le cas de figure interdit par les règlements de l’UEFA empêchant que deux clubs puissent participer à la même compétition continentale. Dans le foot business, les règlements ont cela de pratique qu’ils offrent toujours la possibilité d’être contournés. Il suffit par exemple de placer un ou plusieurs des clubs concernés par la multipropriété dans une “fiducie sans droit de regard”. C’est par exemple ce qu’a fait Jim Ratcliffe, à la fois copropriétaire de Manchester United et l’OGC Nice, alors que les deux clubs étaient qualifiés pour l’Europa League la saison passée.
Problème, John Textor n’a pas du tout respecté le délai – fixé par l’UEFA au 1er mars – pour opérer le déplacement de ses parts en fiducie. Un “oubli” fâcheux qui impacte le club de Crystal Palace en priorité, car l’OL bénéficie d’un meilleur classement dans son championnat domestique. Une délégation du club londonien s’est alors rendue à Nyon début juin pour tenter de convaincre l’UEFA d’assouplir sa position. Pour faire valoir ses droits, Palace soutient que Textor – qui ne détient que 25% des droits de vote au CA du club londonien – n’y exerce aucune fonction opérationnelle.
“Tout le Royaume-Uni sait que je n’ai aucune influence décisive sur Palace”, a-t-il appuyé auprès du Daily Mail. L’homme d’affaires américain a bien confirmé avoir tenté d’acquérir une participation majoritaire au sein du club, mais sa tentative s’est soldée par un échec. Depuis, Textor a fait savoir qu’il cherchait à vendre ses parts. Même s’il explique d’abord “vouloir aider Palace”, il compte surtout sur cette vente pour récupérer des liquidités avant le prochain passage de l’OL devant la DNCG, après avoir été rétrogradé administrativement en L2 à titre conservatoire, fin 2024.
“Repêché” en Conference League?
Paradoxes de la multipropriété, les déboires financiers de l’un pourraient servir de bouée de sauvetage à l’autre. Si Lyon n’arrivait pas apporter les garanties financières attendues, le club pourrait perdre sa place en C3, et permettre ainsi à Palace d’y participer. La prochaine audience de l’OL devant le “gendarme financier” du football français est prévue le 24 juin, quand Le tirage au sort des 1er tours de qualification d’Europa League (C3) et de Conference League (C4) est prévu le 17 juin prochain. L’UEFA devrait probablement rendre sa décision d’ici la fin du mois.
Il existe enfin une dernière possibilité, celle d’un “repêchage” en Conference League, la compétition européenne la moins bien dotée financièrement. Un moindre mal pour Palace, mais le monde de la multipropriété gangrène tellement le football que cette option pourrait poser un autre problème. Qualifié pour la C4, le club danois de Brondby est en effet majoritairement détenu par la holding de David Blitzer, un des quatre copropriétaires de Palace, avec Steve Parish, Josh Harris et John Textor. Avec plusieurs propriétaires ayant eux-mêmes des parts dans d’autres clubs: Palace a encore des nœuds à se faire avec la multipropriété.
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