
Le jeudi 3 juillet, la 10e édition du festival “Ex Abrupto” s’ouvrait dans la ville catalane de Moià par une représentation qualifiée “d’incendiaire” par ses propres créateurs: un match de football joué avec une réplique de la tête de Franco en guise de ballon.
“Le ballon est la tête d’un dictateur, mais aussi un message: ce qui se joue ici n’est pas seulement un jeu, mais une mémoire qui n’a pas été réparée”, ont appuyé les organisateurs à La Vanguardia. Ce n’est pas la première fois que l’artiste dénonce une certaine forme de “blanchiment” historique du franquisme. Son œuvre satirique “Always Franco” comportait déjà une reproduction à base de silicone du dictateur espagnol dans un réfrigérateur Coca-Cola. En 2013, il s’était aussi servi d’une réplique de la tête de Franco en guise de punching-ball, ce qui lui avait valu une plainte de la Fondation Franco.
Sollicité par les organisateurs du festival d’art contemporain “Ex Abrupto”, Eugenio Merino a de nouveau utilisé la tête de celui qui se faisait appeler le Caudillo, pour en faire un ballon. “J’ai pensé que c’était le bon contexte pour utiliser la tête de Franco, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort, un bon moment pour se souvenir des conséquences de cette guerre”, a-t-il expliqué aux médias espagnols. C’est sur un terrain bosselé, avec l’herbe au niveau des chevilles, dans une ancienne tranchée de la Guerre civile, que les participants ont allégrement shooté dans la réplique de la tête de Franco.

Intitulé “La Copa del Generalísimo”, nom de Coupe d’Espagne entre 1940 et 1976, et réalisé en collaboration avec le collectif américain INDECLINE, le match a été retransmis en direct dans un bar de la ville. Une mise en scène des paroles d’une des versions de la célèbre chanson Si me quieres escribir, version postérieure à la Guerre civile qu’on retrouve chez le chanteur mexicain Oscar Chávez: “Con la cabeza de Franco haremos un gran balón, para que jueguen los niños de Galicia y Aragón” / “Avec la tête de Franco nous ferons un gros ballon pour jouent les enfants de Galice et d’Aragon”.
Ni comme un farce, encore moins comme une tragédie, l’histoire du franquisme ne doit donner lieu à un “match retour”. Et, à l’heure où les gouvernements libéraux et conservateurs fascisent de plus en plus leur position aux quatre coins du globe, les initiatives artistiques de ce type rappellent l’importance de ne pas avoir la mémoire courte. Comme le proclamait une banderole des ultras de l’Aris Salonique quelques jours après la mort de Pavlos Fyssas, survenue le 18 septembre 2013 au Pirée: “On jouera au ballon avec la tête des nazis”.
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