A une semaine de la reprise de la Ligue 1, un nouveau groupe a communiqué sa position quant au Pass Sanitaire, obligatoire pour entrer au stade. Les Green Angels 92 de l’AS Saint-Étienne – qui fêteront leurs 30 ans cette saison – rejoignent leurs homologues montpelliérains et ceux qui refusent de céder devant cette mesure sécuritaire.
Un certain nombre de groupes de supporters, usés d’avoir été privés de tribune de si longs mois, s’apprêtent à reprendre la saison comme si de rien n’était. Dans ce contexte, la décision de ceux qui font le choix de refuser le retour au stade sous le régime du Pass Sanitaire apparaît autant courageuse que cohérente. “L’histoire de notre groupe et de notre tribune a été faite de décisions difficiles, celle-ci en est une à l’aube de nos 30 ans.” écrivent les Green Angels. Une décision qui s’inscrit dans la lignée des combats engagés ces dernières années par les ultras contre le fichage et la répression.
Le Pass Sanitaire ouvre la porte aux billetteries nominatives
Devant le flou généré par la situation sanitaire et sa gestion chaotique par l’État, les GA92 font part du problème qui consiste à “être suspendu chaque semaine à la décision de la préfecture à domicile comme à l’extérieur” mais soulèvent aussi “l’absence totale de contrôle des données collectées dans le cadre de la présentation du Pass Sanitaire“. Ils posent des questions légitimes: “Qui sera en possession des listings ? Pour quelle durée ? Quelle utilisation ?” Une opacité qui ne peut qu’inciter à la méfiance alors qu’il est acquis pour de nombreux groupes ultras que les stades servent de “laboratoires de la répression“.
C’est exactement sur ce terrain de la lutte contre le fichage que se placent les occupants du Virage Sud de Geoffroy-Guichard qui s’étaient déjà distingués aussi par des prises de position en tribune contre les expériences de reconnaissance faciale menée sur le public des stades. Par ce refus de revenir au stade dans ces conditions, les Green Angels mettent en garde contre le précédent que peut ouvrir la mesure du Pass Sanitaire et le contrôle d’identité qui lui est associé. “Nous avons la conviction qu’accepter aujourd’hui le Pass Sanitaire au stade, c’est peut-être accepter la généralisation des billetteries nominatives demain. La conviction que prendre le risque aujourd’hui d’accepter que les préfectures puissent décider de nouvelles mesures répressives sans aucun garde-fou, c’est prendre le risque de voir nos tribunes populaires disparaître demain.”
Les exceptions qui deviennent la norme, les ultras en connaissent un rayon
Voir une mesure dite “exceptionnelle” se normaliser, et servir optimiser la mise au pas des supporters, ne serait en effet pas inédit: “les IAS, qui devaient constituer un régime d’exception, sont devenues une véritable justice parallèle ; l’État d’urgence, dispositif contre le terrorisme, avait lui servi à atteindre le nombre record d’interdictions de déplacements.” La pré-saison laisse déjà entrevoir les premiers signes de la dérive selon les Green Angels: “le détournement de ces mesures sanitaires en mesures sécuritaires se fait déjà sentir, de Monaco qui impose déjà des règles plus contraignantes pour accéder à son parcage, à Lens où notre premier déplacement pourrait faire l’objet d’une jauge ou d’une interdiction.” Finalement, dans ce football qui rouvre ses portes au public, la seule chose qui reprend vraiment “comme avant”, c’est le traitement répressif des supporters.
La mise en place Pass Sanitaire au niveau national n’empêchera pas, localement, les préfets de continuer leur besogne. Ils pourront toujours décider d’imposer des jauges limitées, des huis clos, ou l’obligation de rester assis… Sans parler des interdictions de déplacements qui ne risquent pas de s’arrêter.
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