Le 9 mai 2015, les FC Girondins de Bordeaux jouent leur dernier match au Parc Lescure, repabtisé depuis plus d’une décenie Stade Chaban-Delmas, l’antre dans laquelle ils ont écrit les plus belles pages de leur histoire. A l’occasion des 5 ans de cet anniversaire, le média internet La Revue Far-Ouest a mis en ligne le documentaire “Adieu Lescure“ réalisé par les journalistes Adrien Ortavent et Cyril Champ. A voir!
Même si la nostalgie doit sûrement primer chez les supporters bordelais, c’est une belle idée qu’a eu La Revue Far-Ouest de mettre “Adieu Lescure” en libre accès sur son site. Ce documentaire n’avait jusqu’ici connu que deux projections publiques depuis sa sortie en 2016. Ce n’est pas qu’un hommage appuyé à ce stade singulier, avec ses voutains et ses arcades, qui hébergeait les Girondins depuis 1938. Le documentaire d’Adrien Ortavent et Cyril Champ est aussi l’occasion de mettre à l’honneur l’implication des Ultramarines (UB87), qui ont fait vivre pendant 28 ans le Virage Sud, indissociables du Parc Lescure et de son ambiance. Ce qui donne au visionnage une résonnance particulière à l’heure où certains décideurs du football se plaisent, pour des impératifs exclusivement économiques, à imaginer un football sans supporters en tribunes.
“Adieu Lescure” suit donc pendant plusieurs mois une partie des membres des UB87 dans les préparatifs de ce dernier match, contre Nantes, le 9 mai 2015. On ne dit pas “adieu” à un stade et à 28 ans d’histoire commune, à la va-vite. En tous cas, pas quand on est passionné par son club depuis sa tendre enfance. N’importe quel supporter peut se reconnaître dans ces traits. Longue préparation de tifo, souvenirs de matchs, engagements et combats pour la sauvegarde des tribunes populaires: c’est aussi cette vision du football par le peuple des virages que les réalisateurs s’évertuent à mettre en avant.
Déménager un club dans un nouveau stade c’est aussi mettre un terme au lien fusionnel que les supporters les plus passionnés entretiennent avec leur tribune. Une passion moins compatible avec ces nouvelles enceintes réflechies comme des complexes commerciaux, aseptisés et sans histoire, à qui on accolle des noms de marques ou de compagnies d’assurances, et où les supporters ne sont pas appelés à être acteurs mais de simples consommateurs.
Pourtant acteur majeur du déménagement d’Arsenal à l’Emirates Stadium, Arsène Wenger reconnaissait récemment à propos du mythique Highbury, « Pour rivaliser avec les autres clubs, nous avons dû construire un nouveau stade. Les règles avaient changé. Nous voulions créer la même chose qu’à Highbury, mais nous avons laissé notre âme à Highbury. » Toute comparaison mise à part, voilà ce qu’ont laissé les Girondins de Bordeaux à Lescure: une partie de leur âme. Mais, contrairement à Highbury qui a été rasé pour faire place à un juteux complexe immobilier, Lescure n’a pas été détruit – les rugbymans de l’Union Bordeaux-Bègles y évoluent aujourd’hui. La page est belle et bien tournée, mais l’espoir d’y revenir un jour et allumer à nouveau les feux du Virage Sud, est toujours permis.
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