
C’est officiel, le Boavista FC a été relégué administrativement à l’échelon amateur pour la saison prochaine. Actionnaire majoritaire du club depuis 2020, Gérard Lopez accroche donc un nom prestigieux au palmarès des clubs qu’il a coulé, après Mouscron et les Girondins de Bordeaux.
Le suspense était maigre: Boavista évoluera en 5e division la saison prochaine. Relégué sportivement en Liga 2 à l’issue de la saison 2024/25, le club n’a pas pu s’y inscrire. Boavista accuse une dette publique abyssale évaluée à 95 millions, dont 40 millions d’euros à la sécurité sociale et au FISC portugais. Le club n’a pas été en mesure de fournir les certificats de régularité fournis par les deux organismes, ce qui l’empêche de facto d’obtenir la licence pour participer aux championnats de 2e, 3e ou 4e division. Une dette globale qui s’élève à 156 millions d’euros dont un des épisodes les plus pathétiques a sûrement été la coupure d’électricité à l’Estádio do Bessa Século XXI, faute d’avoir réglé le fournisseur.
Comment le Boavista FC, club historique du football portugais et institution de plus de 120 ans, a pu en arriver là? Comme aux Girondins de Bordeaux, Gérard Lopez ne porte pas la responsabilité intégrale de la situation. A Boavista aussi, il a sauté sur l’occasion pour mettre la main sur un club prestigieux dans une situation de grande fragilité économique. Et comme à Bordeaux, il a mis en place sa méthode à base d’impayés multiples et de fausses promesses, à l’image de cette histoire de virement de 2,5 millions d’euros, arrivé trop tard. Le club se retranche aussi derrière la vente avortée de Robert Boženić, au mois d’avril, le privant d’une rentrée d’argent vitale. Encore la faute-à-pas-de-chance.
Gérard Lopez, le complexe du sauveur
Souvent considéré comme le “4e grand” – derrière les trois géants incontestés que sont Benfica, Porto et le Sporting – Boavista compte 9 titres. Le club n’a connu qu’une seule fois la joie d’être champion du Portugal, lors de la saison 2000/01. Une sorte de miracle à l’entrée d’un 21e siècle qui sera marqué par son déclin. Le dernier passage de Boavista sur la scène européenne remonte à la saison 2002/03. Relégué administrativement en 2008 suite à son implication dans l’affaire de corruption du “Sifflet Doré” (“Apito Dourado” en portugais), il ne remontera que six ans plus tard mais sans jamais vraiment retrouver son rang.
En 2023, Gérard Lopez a renforcé son actionnariat à plus de 67% des parts de la SAD. Un storytelling du sauveur, semblable à celui en vogue en Gironde, s’est installé à Boavista, malgré cinq interdiction de recruter lors des six derniers mercatos. En fait, une tendance à pousser le club au bord du gouffre pour être en position de le sauver, quitte à le laisser dégringoler. L’homme d’affaire peut alors utiliser son levier-fétiche: le plan de sauvegarde qui le met en position de renégocier la dette. Boavista entre dans cette phase. Est-ce que cela signifie que Gérard Lopez et Jogo Bonito s’y projettent pour les dix prochaines années? Un sentiment de confiscation que connaissent déjà bien les supporters de Bordeaux.
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