Dans l’utopie capitaliste du football moderne tout se monnaye, on ne le découvre pas. Mais il restait encore quelques pans à échapper à la marchandisation comme les entraînements ou les matchs de préparation d’avant-saison. Pour combien de temps?
Tout est-il valorisable dans le football? Pour certains dirigeants, dans leur course effrénée pour diversifier et augmenter leurs revenus, la réponse est assurément oui. En février dernier, le Paris-Saint-Germain s’était déjà aventuré à faire débourser entre 5 et 15 euros au public pour assister à une heure et demi d’entraînement. Pouvoir regarder un match officiel sur une chaîne non-câblée relève déjà depuis longtemps de l’exception. Bien que la retransmission des matchs amicaux soit assez récente, les clubs ne veulent pas louper l’occasion d’un petit billet.
Depuis quelques saisons, certains clubs n’hésitent pas à proposer des formules payantes à leurs supporters pour la retransmission de leurs matchs de préparation. Cette année, c’est la chaine qatarie BeIn Sports qui a acquis les droits de diffusion de la tournée parisienne au Japon. Entre le 25 juillet et le 1er août, le PSG affrontera Al-Nassr, le Cerezo Osaka et l’Inter Milan. Ces matchs seront donc accessibles aux abonnés de la chaîne de télévision du président Nasser Al-Khelaifi. Par le passé, le PSG a déjà proposé des “Pass Pré-saison” sur sa chaîne PSG TV et sa chaîne Twitch (4,99 euros mensuels).
Le choix du streaming
Ce qui était il y a encore quelques saisons une pure préparation de la saison à venir, se double aujourd’hui d’une opération commerciale. Le développement numérique des clubs a ouvert de nouvelles perspectives de revenus. L’OM s’est également tourné vers la plateforme de streaming Twitch pour ce que les équipes de communication du club ont baptisé le “Summer Tour”. Soit un pack de trois “affiches”, face à Nîmes (à huis clos), Eupen et Waalwijk, réservé aux abonnés de la chaîne du club sur la plateforme.
Des affiches loin d’être excitantes et des conditions de réalisation low-cost, mais aucun cadeau ne sera fait. Autre cas de figure, le Toulouse FC – dont les matchs amicaux n’étaient jusqu’ici pas retransmis en direct – a lancé une plateforme pour la diffusion payante de sa pré-saison. Le club haut-garonnais a noué un partenariat avec Spring Média, spécialisée dans la diffusion en streaming d’événements sportifs. Selon le site LesViolets.com, le TFC proposera à ses supporters de vivre en direct sur leur téléphone ou leur ordinateur les rencontres de sa préparation estivale.
Habituer les supporters à payer pour tout
Pour ces six matchs (face à Montpellier, au FC Andorra, au Werder Brême, à Norwich, à Osasuna et à la Roma), deux possibilités s’offrent aux supporters toulousains: acheter un match à l’unité au prix de 0,99 euro (hormis TFC – AS Roma, vendu 3,99 euros) ou alors acheter le “Pass 6 matchs” à 7,99 euros pour le grand public ou 4,99 euros pour les abonnés. Les gains sont marginaux et d’aucuns penseront que “ce n’est pas si cher”. Mais avec ces tarifs symboliques ont un objectif: créer une habitude à payer et montrer que tout ce qui a trait au club à un coût.
Il reste des clubs qui n’ont pas encore grimper dans ce wagon. Malgré des tergiversations et une fuite annonçant dans un premier temps que la gratuité des retransmissions serait réservée aux seuls abonnés, le Stade Rennais a finalement confirmé auprès de la presse locale que les matchs amicaux seraient bien retransmis gratuitement sur le site internet du club. La dynamique concurrentielle du football professionnel ne laisse pas de place au doute, pour quelques euros de plus, la plupart des clubs risquent à l’avenir de s’aligner sur ce type d’offres.
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