On connaît la composition des groupes de cette seconde édition de la Conference League (C4), la “petite” coupe d’Europe pour laquelle on ne cache pas notre affection. Même si elle est essentiellement pensée comme une consolante, elle affiche encore un drôle de mélange de nouveauté et de nostalgie.
Sur les 32 participants à la phase de groupes, on dénombre 28 nations différentes. Bien sûr, il reste encore une étape de repêchage qui verra à l’issue de cette phase les huit troisièmes des groupes d’Europa League être reversés en C4. En attendant, elle fait mieux que la saison passée à ce niveau-là (26 nations représentées) et est de loin celle qui a la meilleure répartition géographique. Seules la Belgique, la Turquie, la Roumanie et la République Tchèque auront plus d’un représentant. Et cette nouvelle édition verra trois nouvelles nations être représentées en phase de groupes pour la première fois de leur histoire: le Liechtenstein, la Lituanie et le Kosovo.
Le nombre de clubs qui vont découvrir une phase de groupe européenne reste constant. La saison passée, ils étaient huit “rookies”, ce sera à nouveau le cas. Un quart du plateau sera parfaitement novice à ce niveau: Djurgårdens (Suède), FC Vaduz (Liechtenstein, même si le club évolue en D2 suisse), FC Slovácko (République Tchèque), KF Ballkani (Kosovo), FK Rīgas FS (Lettonie), Sivasspor (Turquie), Silkeborg IF (Danemark), le FK Žalgiris (Lituanie) et le Pyunik Erevan (Arménie). On fait le choix de mettre à part le SK Dnipro-1 (Ukraine), dont c’est aussi la première participation. En effet, même s’il se présente comme un nouveau club, il a en réalité pris la suite du FK Dnipro – finaliste de l’Europa League en 2015 – après sa disparition en 2017.
Une “ouverture” relative
La Conference League ouvre ses portes aux nouveaux-venus, mais c’est essentiellement grâce aux repêchage qui ne favorisent pas la construction d’une identité propre pour cette compétition. Ce n’est de toute façon pas l’objectif de l’UEFA qui avait besoin de la C4 pour “consoler” les déboutés de la C1, puis de la C3. Sept de ces huit nouvelles têtes ont en effet été reversées de C1 ou de C3. Et dix-sept équipes participeront aux groupes de C4 (soit 53%) après avoir été éliminées d’une deux autres compétitions. Une proportion en grande partie assurée grâce aux cinq places attribuées via la “Voie des champions” et aux dix places attribuées de fait aux équipes éliminées aux Barrages d’Europa League. Moralité, il vaut quand même mieux avoir remporté son championnat domestique si on veut optimiser ses chances d’atteindre les groupes de la C4.
Son “ouverture” est donc assez relative. Pour les équipes qui ne bénéficient pas du mécanisme de repêchage, la marche vers la qualification reste haute. Surtout quand on est issu des nations classées entre la 29e et la 55e place au classement UEFA et qu’on entre dans la compétition au premier tour qualificatif. Cette saison encore, aucune de ces équipes n’aura réalisé l’exploit d’atteindre les groupes. Le Hamrun Spartans FC est le seul à avoir atteint les Barrages (sorti par le Partizan Belgrade). Pour son retour en Europe après trente ans d’absence, les Spartans ont réalisé le meilleur parcours de l’histoire pour une équipe maltaise.
Entré un tour plus tard, le RKS Raków Częstochowa a aussi manqué de peu une qualification historique. Après avoir été sorti par La Gantoise l’année dernière, le vainqueur de la Coupe de Pologne a à nouveau buté au stade des Barrages, éliminé cette fois-ci par le Slavia Prague. Avec le FC Bâle, l’équipe tchèque fait partie des outsiders. Tous deux ont eu à passer trois tours de qualification et peuvent rêver à un parcours similaire à celui du Feyenoord, finaliste la saison passée en étant entré au deuxième tour. Rien n’est impossible, d’autant qu’on peut estimer à première vue que le plateau est légèrement moins relevé cette saison.
Si l’indice UEFA médian est en-deça, les cadors sont surtout de moindre gabarit. Exit la Roma, Tottenham ou Feyenoord, bienvenue à Villarreal. En l’état, l’équipe coachée par Unai Emery, vainqueur de l’Europa League 2021 et demi-finaliste de la dernière Ligue des Champions, fait office d’immense favori pour succéder à la Roma au palmarès de l’épreuve. Juste derrière chez les bookmakers, West Ham (demi-finaliste de la dernière C3) est le second favori de la C4. Suivent l’OGC Nice, la Fiorentina (vainqueur de la Coupe des Coupes 1961 et finaliste de la Coupe UEFA 1990) et le FC Cologne (finaliste de la Coupe UEFA 1986).
Un côté “vintage”
D’autres équipes peuvent se targuer d’un passé brillant sur la scène européenne, même s’il faut remonter parfois aux années 60 pour trouver la trace d’une finale comme pour le Partizan Belgrade, finaliste de la Coupe des Clubs Champions 1966 ou le Slovan Bratislava, finaliste de la Coupe des Coupes 1969. L’Austria Vienne, finaliste malheureux de la Coupe des Coupes 1978, face à Anderlecht, autre “vieille gloire” de cette Conference League 2022/23. Parmi les 32 qualifiés, l’équipe belge est celle qui a le plus beau palmarès européen: deux Coupes des Coupes (1976 et 1978) et une Coupe UEFA (1983). Le Groupe B avec West Ham, Anderlecht et le Steaua vaudra le détour. Bien sûr le club roumain, en conflit avec l’État qui a recréé une autre entité revendiquant l’histoire du club, n’est officiellement plus propriétaire des titres antérieurs à la saison 1998/99 et donc de la Coupe des Clubs Champions 1986, mais c’est un autre nom qui fera vibrer les plus nostalgiques.
La tournée “revival” de ces clubs mythiques de l’Europe des années 70/80 aurait pu être encore plus fournie avec le Sparta Prague, le CSKA Sofia et l’Hajduk Split, ou encore avec le Panathinaïkos (finaliste de la C1 en 1971), le Rapid Vienne (finaliste de la Coupe des Coupes 1985 et 1996) et Antwerp (finaliste de la Coupe des Coupes 1993). Ils n’auront pas franchi les qualifications. C’est aussi ça la Conference League où aucune équipe n’est qualifiée d’office en phase de groupes: le charme des tours à élimination directe.
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