Les hostilités autour de la Coupe du Monde 2026 sont lancées. Plusieurs associations de supporters ont exprimé leur mécontentement devant les prix exorbitants des billets imposés par la FIFA. Une raison supplémentaire de combattre ce qui s’annonce comme une nouvelle démonstration écœurante d’un football pensé comme une grosse machine à cash.
La Coupe du Monde 2026 qui se disputera à 48 équipes, dans trois pays différents (Mexique, USA, Canada), sera aussi celle où les places seront les plus chères. Et de loin! De quoi ternir encore plus l’image d’un événement dont les préparatifs sont marqués par le “copinage” entre Gianni Infantino et Donald Trump. Le président de la FIFA se trouve d’ailleurs visé par une plainte, déposée auprès de la commission d’éthique par la part de l’ONG britannique FairSquare qui l’accuse d’avoir “bafoué la neutralité politique” après avoir remis son risible “prix de la paix” à son ami Donald. Derrière cette aisance à se lier aux régimes les plus autoritaires, la FIFA en profite pour pousser au maximum les curseurs capitalistes.
En France, en Angleterre ou en Écosse, plusieurs associations de supporters ont déjà manifesté leur mécontentement. Football Supporters Europe (FSE) a rapidement communiqué pour dénoncer cette politique tarifaire antisociale et appeler la FIFA à revenir à la raison. “Le dossier de candidature publié en 2018 promettait des billets à partir de 21 dollars. Où sont ces billets aujourd’hui? Selon ce même document, suivre une équipe jusqu’à la finale devait coûter 2 242 dollars dans la catégorie la moins chère. Cette promesse appartient désormais au passé.” Or, les billets les moins chers (catégorie 4 – “Tribune Basique”) coûteront 60 dollars (environ 51 euros). Initialement réservés au tirage au sort de la vente générale, ils ont finalement été pour partie rendus accessibles aux groupes de supporters des nations qualifiées. Une réponse symbolique de la FIFA à la grogne des supporters.
Nombre dérisoire de billets les moins chers
Mais selon The Athletic, cela ne concernera qu’un nombre dérisoire de billets, seulement 1,6% du total disponible pour chaque match. Rapporté à la taille des 16 stades de ce Mondial, cela revient à quelques centaines de billets pour chacun des 104 matchs du Mondial, y compris la finale. Dans le détail, c’est 50% du stock de billets alloué à chaque fédération – la “Participating Member Association” (PMA) – qui sera réparti entre les catégories 3 et 4, les plus “abordables”: 40% pour les billets “Tribune Économique” et 10% pour les “Tribune Basique”. L’autre moitié du stock sera divisée entre les billets “Tribune Standard” et “Tribune Première”.
Pour ces billets généralement distribués via les groupes officiels de supporters ou des programmes de fidélité, on est loin d’un réel effort sur les prix qui ne sont d’ailleurs pas complètement définitifs. Ils peuvent encore connaître des variations en fonction de critères comme l’attractivité du match. C’est le principe de la “tarification dynamique” instaurée pour ce Mondial. Quant aux fans en situation de handicap, ils ont tout simplement été exclus de l’accès à la catégorie 4. Pour les places les moins chères de la phase de groupes, ils devront payer entre 140 et 450 dollars, et au minimum 4185 dollars pour la finale, selon FSE qui parle d’une autre rupture nette avec les pratiques habituelles des grandes compétitions où les places “PMR” sont généralement proposées au tarif le plus bas, voire à un prix réduit.
Comment s’opposer à cette “mascarade antisociale”?
“Tout le monde s’est senti un peu trahi. C’est la mort du football. Ces prix, ça élimine plus de la moitié des adhérents juste d’un point de vue financier. On nous confisque ce qui est pour nous la plus noble des compétitions de foot, la Coupe du monde”, a expliqué Mehdi Salem, vice-président de l’association de supporters des Baroudeurs, toujours au micro de RMC Sport. Pour se faire une idée, aller soutenir l’équipe de France du premier match jusqu’en finale coûtera au total au moins 6443 euros. Une somme à laquelle il faut ajouter en plus les billets d’avion, l’hébergement et les dépenses sur place. C’est près de cinq fois plus que lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Avec des places en catégorie 1, les plus onéreuses, il faudra compter jusqu’à 15 000 euros.
La colère des supporters pourrait bien s’étendre encore. Mais leurs leviers pour faire plier la FIFA restent minces. Alors que la procédure de tirage au sort est ouverte depuis le 11 décembre, et se terminera le 13 janvier, l’instance internationale bombe le torse en annonçant 20 millions de demandes. Quand le bruit ne suffira plus, la question de refuser ces mascarade antisociale se posera. La FIFA semble tout faire pour.

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