Chaque mois de novembre en Grande-Bretagne, le football professionnel commémore soldats britanniques morts au combat. Les équipes s’associent de façon traditionnelle au port du “poppy” – le coquelicot – sur leur maillot. Cette année, plusieurs internationales irlandaises, dont Katie McCabe d’Arsenal, ont refusé de céder à cette injonction.
Même si elles sont rares, il existe des voix qui ne se plient pas à ce rituel valorisant sans recul l’action, passée et récente, de l’armée britannique et de ses soldats. L’exemple le plus célèbre reste celui de James McClean. Le milieu de terrain irlandais, actuellement à Wrexham, a toujours justifié ce refus pour des raisons politiques, liées aux massacres perpétrés en Irlande, notamment le Bloody Sunday de 1972. L’ancien milieu de Manchester United et de l’Olympique Lyonnais, Nemanja Matić, avait aussi choisi de ne pas le porter en raison des bombardements massifs de l’OTAN sur la Serbie en 1999.
Arborer le poppy pour commémorer les vétérans britanniques n’est pourtant pas quelque chose d’unanime outre-Manche. L’Irish Times rappelle que selon certaines enquêtes, un Britannique sur cinq ne le porterait jamais, une proportion encore plus chez les jeunes adultes. Mais la forte médiatisation du football expose ses acteurs et actrices dont l’attitude est particulièrement traquée à cette période. Surtout pour les footballeurs et footballeuses originaires de la République d’Irlande. Harcelé et menacé de mort, James McClean en a fait l’expérience à de nombreuses reprises.
Cette saison, McClean se sentira moins seul. Lors du match contre Leicester City en Women’s Super League (WSL), Katie McCabe, qui l’avait porté l’an dernier, a cette fois-ci choisi de ne pas le faire tout en respectant la minute de silence prévue avant le match. Les médias britanniques n’ont pas manqué d’affirmer que la joueuse d’Arsenal et capitaine de la sélection féminine irlandaise, avait “suivi l’exemple de James McClean”. De quoi se préparer à un traitement semblable à celui de l’enfant de Derry, de la part des courants nationalistes et conservateurs qui réactivent les haines anti-irlandaises.
La Royal British Legion vend chaque année 30 millions de coquelicots. Certains médias préfèrent alimenter les campagnes calomnieuses contre ces quelques voix qui ne font que remettre en cause un rituel patriotique et militariste qui n’est jamais questionné. Mais, à la différence de James McClean, Katie McCabe peut compter sur au moins trois de ses compatriotes, et coéquipières en sélection, qui ont fait de même: Caitlin Hayes de Brighton, ainsi qu’Abbie Larkin et Hayley Nolan qui évoluent sous les couleurs de Crystal Palace.

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