Star retraitée du football italien, l’ex-gardien de but Gianluigi Buffon a chanté les louanges de la présidente du Conseil, Georgia Meloni. Une sortie médiatique qui s’ajoute à plusieurs dérapages d’extrême droite moyennement contrôlés durant sa carrière.
“Assurément, Giorgia Meloni représente notre nation de la meilleure manière possible”, a ainsi déclaré Gianluigi Buffon. C’est en qualité de chef de délégation de la Squadra Azzurra qu’il était présent à l’Atreju, la “kermesse” politique de la Gioventù Nazionale, organisation des jeunes du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia. Il s’y est rendu accompagné du ministre des Sports, Andrea Abodi. Mais ce n’est pas vraiment un masque qui tombe tant Gianluigi Buffon a flirté à plusieurs reprises avec ce bord de l’échiquier politique.
Par le passé, à force d’excuses ou de rétropédalages, il s’était déjà rattrapé de plusieurs polémiques. “Il s’est mal exprimé quand il était jeune”, a récemment expliqué son épouse, la journaliste Ilaria D’Amico, pour voler à sa rescousse. Il s’agissait de répondre à des détracteurs qui rappelaient une interview d’après-match où il s’était présenté, à l’époque où il évoluait à Parme, avec un maillot portant l’inscription “Boia chi molla”. Un slogan associé au courant néofasciste qui signifie peu ou prou “Mort à celui qui abandonne”.
Pile ou faf?
Il reviendra sur cet épisode dans un texte écrit en octobre 2019 pour The Players’ Tribune où il s’adresse à son “lui de 17 ans”. Entre un éloge à Thomas N’Kono et sa découverte de Chagall, il y plaidera la méconnaissance politique et racontera avoir simplement voulu motiver ses coéquipiers, réfutant toute proximité avec la droite extrême. C’est encore le malentendu qu’il avait invoqué après avoir provoqué un tollé en choisissant le numéro 88. Un numéro signifiant “Heil Hitler” chez les néo-nazis avertis. “Le nazisme? Rien ne pourrait être plus éloigné de moi”, avait-il juré, expliquant avoir initialement voulu prendre le n°00 “comme en NBA”, interdit par le règlement, ou encore le 99 qui était déjà attribué à l’autre gardien, Matteo Guardalben. “Gigi” Buffon avait fini par se rabattre sur le n°77.
Son passage à la Juventus et son statut de cadre de la sélection ont coïncidé avec une image et des interventions politiques plus consensuelles. Il a affiché son soutien aux gouvernements libéraux de Mario Monti, puis de Matteo Renzi. Ilaria D’Amico a d’ailleurs qualifié son homme de “libéral modéré”. Lui-même a déclaré se définir comme “anarco-conservateur” dans un entretien avec le journal La Reppublica en 2021. Une manière, derrière ce concept confus, de reconnaître pencher bien à droite; une droite Meloni compatible. Sa sortie à l’Atreju ressemble cette fois-ci à une prise de position qui a maturé. Il aura du mal, en tous cas, à se camoufler derrière l’argument de l’apolitisme ou l’excuse de la jeunesse.

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