La police grecque a une nouvelle fois du sang sur les mains. La population de Volos lutte depuis des années contre l’incinérateur de la ville et les dégâts qu’il cause sur la santé des gens et l’environnement. Pour Vassilis Maggos, comme pour les autres : ni oubli, ni pardon !
Le 13 juin 2020, avait lieu à Volos, en Grèce centrale, une manifestation contre l’usine d’incinération des déchets, propriété de la multinationale Lafarge/Holcim. Cette manifestation qui n’est qu’une expression de la longue lutte des habitants de Volos contre ce projet destructeur a été violemment réprimée par la police. Il y a eu des blessés et des arrestations.
Le lendemain, en solidarité avec les inculpés, des personnes se sont rassemblés devant le tribunal de la ville. Parmi eux, Vasilis Maggos, connu de la population locale pour son implication militante et aussi en tant que membre actif des Blue Angels 1994, groupe ultra du Niki Volou FC, un des trois club professionnels de la ville. En parallèle, Vassilis est aussi membre de l’Original 21 de Volos, section locale du principal groupe de supporters du club athénien AEK FC. Au moment du transfert des inculpés, Vasilis s’est dirigé vers les policiers qui l’ont attaqué sauvagement, puis embarqué au commissariat où il a été torturé avant d’être laissé à demi-conscient dans la rue. Vasilis a fait connaître cette histoire via un courrier publié quelques jours plus tard, intitulé « Je dénonce la sauvagerie policière ». Un mois plus tard, le 13 juillet, sa mère le trouve mort chez lui. Il avait 27 ans.
« Même si nous ne gagnons jamais, nous nous battrons toujours »
Qu’est-ce qui a provoqué sa mort ? La décision arbitraire de transférer son corps à Thessalonique sans l’accord de ses parents, la désignation d’une médecin légiste controversée, la réaction du ministre de l’intérieur qui blanchit tout de suite les policiers, tout ça ne fait qu’augmenter des suspicions déjà fortes sur la corrélation entre la mort de Vassilis et le passage à tabac, puis la torture, qu’il a subis. Dès le 13 juillet, ses parents, d’abord, puis divers groupes politiques et associations de supporters avancent et dénoncent la responsabilité directe des policiers.
A mille lieues de l’image de l’ultra « apolitique » ou, pire encore, séduit par le nationalisme, Vasilis était un militant de première ligne, participant depuis des années aux luttes sociales et de classe. Plusieurs centaines de personnes se sont rendues à ses funérailles le 16 juillet dernier pour l’accompagner dans son dernier voyage. Ses copains des groupes de supporteurs, des Blue Angels 1994 et de l’Original 21, mais aussi de nombreux supporters d’autres équipes du pays, comme les Fentagin 1980 d’Atromitos, lui ont rendu hommage répétant souvent la phrase avec laquelle il avait terminé son courrier : « même si nous ne gagnons jamais, nous nous battrons toujours ».
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