Italie: des clubs amateurs lancent un appel pour l’exonération des frais d’inscription

Durant cette crise du coronavirus, on a beaucoup entendu parler des clubs professionnels et de l’argent des droits télé. En revanche, on a beaucoup moins entendu parler de l’impact sur le football amateur. En Italie, devant les difficultés financières qui s’annoncent, certains clubs ont lancé un appel aux instances pour qu’elles réduisent considérablement les frais d’inscription, voire que les clubs en soient exonérés.

Les clubs amateurs fonctionnent rarement comme les clubs capitalistes du monde professionnel. Ils ont peu de sponsors et n’ont pas accès au pactole des droits télé. Ces clubs survivent souvent grâce à l’engagement bénévole de membres passionnés. L’argent qu’ils ont provient des cotisations, de l’activité de buvette lors des matchs et parfois de la billetterie. Les clubs n’ont pas tous un matelas qui leur permet d’encaisser la perte d’argent d’une fin de saison anticipée.

Plus globalement, le football amateur est impacté par ricochets de l’appauvrissement de la population qui voit ses conditions de vie brusquement s’aggraver à cause de la crise sociale. Les difficultés économiques des entreprises se traduiront aussi par une diminution des possibilités de sponsoring.

Dans ce contexte, le simple coût de l’inscription au championnat peut être fatal aux clubs. En Serie D (4e div. et plus haut niveau amateur), les frais s’élevaient à 11 000 euros pour la saison 2019/20. Dans les divisions inférieures les frais peuvent varier selon la province. Mais pour faire simple disons qu’ils vont en moyenne de 2000 euros en Terza Categoria (9e div.), à 6000 euros en Eccelenza (5e div.). D’où l’appel à « la réduction considérable, voire l’exonération, des frais d’inscription dans les ligues amateurs et juvéniles pour la prochaine saison », lancé conjointement par quatre clubs: FC Rinascita Popolare (Pise), ACSD Lokomotiv Viadipietreto (Chiesina Uzzanese), Calcistica Popolare Trebesto (Lucca) et Spartak Apuane (Massa). D’autres clubs devraient très certainement les rejoindre dans cette démarche.

Le football populaire monte au créneau

« Pour de nombreux clubs, trouver les fonds nécessaires pour aborder la saison à venir apparaît excessivement compliqué. De nombreuses équipes risquent de perdre leurs sources de financement […]. Le président de la Lega Nazionale Dilettanti (LND) parle même de la possibilité qu’un club sur trois disparaisse. » Les clubs signataires s’adressent aux différentes instances comme la Fédération (FIGC) et la Ligue amateur (LND), leur demandant de réfléchir « sérieusement à des solutions qui permettront d’éviter ce scénario. »

Il n’est pas très surprenant de voir cet appel émaner de certains clubs se reconnaissant dans les principes du “football populaire”. Ces clubs œuvrent tout au long de l’année à construire un autre modèle de football basé sur la propriété collective (qui prend notamment la forme d’un actionnariat populaire), l’autofinancement total et l’engagement des supporters et des adhérents. « Nous nous organisons de cette manière parce que nous aimons cela et la trouvons plus juste, mais également parce que nous pensons que le fait de s’appuyer sur la force d’une communauté garantit une plus grande solidité pour l’avenir. En tout cas, nous pensons qu’en ce moment de grave urgence, tous les clubs sportifs devraient se réunir et élaborer des propositions qui servent à sauvegarder un patrimoine qui appartient à tous. Nous sommes convaincus que cette merveilleuse chose qu’est le football amateur est vraiment en danger. Agissons pour le sauver et le rendre plus vivant, plus passionné et plus populaire que jamais. »

 

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Dossier “Football sous Covid”

 

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