Italie: la mobilisation grandit contre la venue de la sélection israélienne

Depuis plusieurs semaines, les appels à l’annulation de la rencontre Italie-Israël – prévue le 14 octobre prochain à Udine – se multiplient. Une manifestation est d’ors et déjà appelée en cas de maintien de ce match comptant pour les qualifications à la Coupe du monde 2026.

Le 31 août dernier à Gênes, derrière une banderole “Stop Génocide”, près de 50 000 personnes ont accompagné le départ de bateaux engagés dans la Global Sumud Flotilla, embarquant de l’aide humanitaire, en direction de Gaza. Les dockers du port de Gênes, regroupés au sein du Collettivo Autonomo Lavoratori Portuali (CALP), ont refusé à plusieurs reprises de charger des cargaisons militaires à destination d’Israël. Avec l’Irlande, la Catalogne ou le Pays Basque, l’Italie apparaît aujourd’hui comme un des pôles de la solidarité avec le peuple palestinien sur le continent européen.

Dans ce climat, la venue programmée de l’équipe d’Israël au Stade Friuli d’Udine, pour jouer un match de qualification pour la Coupe du Monde 2026, suscite de plus en plus de colère. Le jour du match, le collectif Calcio & Rivoluzione est à l’origine – avec le comité local pour la Palestine, Salaam Ragazzi dell’Olivo de Trieste ou encore BDS Italia –  d’un appel à manifester pour réaffirmer son soutien à la Palestine et exiger l’exclusion de la fédération israélienne de football et de ses équipes. Plus de 200 associations se sont déjà ralliées à cet appel.

Le gouvernement Meloni complice du génocide

Ce match du 14 octobre est considéré comme une offense à la mémoire de toutes les victimes palestiniennes, dont le nombre ne cesse d’augmenter. Plus de 60 000 ont été identifiées, parmi lesquelles plus de 600 sportifs. Au début du mois d’août, Suleiman Al Obeid, star du football palestinien, a été tué alors qu’il faisait la queue sur un point de ravitaillement, en quête de nourriture pour sa famille. Les trois-quarts de la bande de Gaza ont été détruits et la famine fait rage. Pour les initiateurs de cet appel, impossible d’imaginer que ce match de football puisse avoir lieu “comme si de rien n’était”.

L’enjeu dépasse en effet largement les trois points de la victoire. “Ce match ne représente pas une simple compétition sportive, mais une exposition internationale légitimant au final un État responsable de crimes de guerre et de génocide.” En Italie se pose une question rhétorique qui n’avait été posée que de façon très marginale en France en novembre 2024: comment ce match de football peut-il se disputer dans de telles conditions? Celles et ceux qui descendront dans la rue le 14 octobre ne s’opposeront pas seulement à un match, mais à toute l’hypocrisie de l’UEFA et de la FIFA, qui font corps avec Israël.

Derrière la tenue de ce qui est qualifié de “match de la honte”, c’est aussi la complicité du gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni, et d’une bonne partie de la classe politique italienne, qui est dénoncé. Le gouvernement italien reste, comme la majorité de ses voisins, un soutien solide à la politique génocidaire de Netanyahu. Malgré une indignation de façade qui n’a convaincu personne, Meloni n’a en effet aucune intention de cesser fournir des armes à Israël, via le groupe industriel Leonardo. Ces mêmes armes qui servent à exterminer les Gazaouis.

Les entraîneurs rejoignent le mouvement

En réponse, les appels au boycott, les mots de Mohamed Salah ou la prise de position de l’AIAC sont avant tout symboliques, mais participent à rompre le silence sur les exactions israéliennes. Dans le courant du mois d’août, l’AIAC (Association italienne des entraîneurs de football) s’est aussi réveillée, et a appelé à l’annulation du match dans une lettre ouverte adressée à la FIGC (la fédération italienne de football). L’AIAC y affirme sans détour que demander l’exclusion de la fédération israélienne est “légitime, nécessaire, voire un devoir”.

L’UEFA et FIFA, en dépit de la violation explicite de ses règlements, jouent la montre depuis les premières heures du génocide. La question ne se résume évidemment pas à l’aspect statutaire. Cette revendication est d’abord perçue comme un moyen de pression sur les instances internationales. L’exclusion des équipes et sélections israéliennes des compétitions officielles mettrait temporairement sur off un des relais de la propagande et de la stratégie de sportwashing du gouvernement Netanyahu; neutraliserait un des outils servant à normaliser les horreurs commises à Gaza et en Cisjordanie.

Car contrairement à ce que les dirigeants bourgeois veulent faire croire, il ne s’agira jamais “seulement de sport”. Une occasion supplémentaire de rappeler que le football, malgré les injonctions à le maintenir “hors de la politique”, n’a jamais été neutre. La situation à Gaza illustre même à quel point c’est un terrain où la lutte pour l’émancipation a toute sa place. Avec, dans un coin de la tête, la certitude que seules les mobilisations à la base permettront de les faire plier.

Dans une tribune pour la version italienne de la revue Jacobin, Andrea Ponticelli et Gabriele Granato de Calcio & Rivoluzione, rappellent l’ambition de “construire un front qui traverse la société, le sport et la politique et qui affirme une chose simple et radicale, qui aujourd’hui vaut plus que mille discours institutionnels: le génocide du peuple palestinien ne peut être normalisé, ni dans les palais du pouvoir ni, encore moins, dans les stades de football”.

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