L’antagonisme politique entre les ultras des deux équipes a traversé de part en part l’opposition entre le Celtic et la Lazio. Alors qu’il reste deux journées dans cette phase de groupes d’Europa League, les Bhoys sont déjà qualifiés et les Laziale, éliminés. Et la Green Brigade, créée en 2006, est à la hauteur de sa réputation.
Cette double confrontation, affiche du groupe E, sentait le soufre. Et, si sur le terrain, malgré la double victoire du Celtic, les débats ont été accrochés, en tribunes il n’y a pas eu match. Il était acquis que lors de l’aller au Celtic Park, les ultras de la Lazio ne feraient pas le poids. Connaissant le potentiel des fans du Celtic en déplacement, on attendait le retour avec impatience. A l’aller, les Irriducibili de la Lazio, groupe qui affichent régulièrement ses opinions néo-fascistes, avaient fanfaronné dans les rues de Glasgow. Quelques minutes tout au plus, immortalisées grace à la magie des réseaux sociaux. La suite, ce fut une véritable démonstration de la Green Brigade en tribunes, banderoles antifascistes et tifo en référence aux Brigades Rouges à l’appui.
En digne nièce de son oncle, Alessandra Mussolini, député européenne, avait demandé à ce que les ultras du Celtic soient poursuivis pour leurs banderoles. Quelques jours plus tard, en déplacement à Aberdeen, ils lui répondaient avec une banderole “Alessandra vaffanculo” qu’il n’est pas besoin de traduire.
Le match retour était forcément scruté. Mais il était écrit que les Laziale ne rendraient pas la pareille aux ultras du Celtic autrement que par une embuscade et de lâches coups de couteau. Trois supporters écossais ont été blessés à l’arme blanche en marge de la rencontre. Si les supporters verts et blancs n’ont pas fuit les affrontements épisodiques qui ont eu lieu aux abords de la Piazza del Risorgimento, c’est avant tout à l’intérieur du stade que leur victoire s’est dessinée.
Annoncés à près de 9000 à avoir fait le déplacement, la direction du club italien a longtemps craint que les fans écossais ne soient en surnombre dans le stadio Olimpico pour ce match. Un stade de 70 000 places que la Lazio a beaucoup de mal à remplir. En Série A, l’affluence moyenne avoisine les 30 000 personnes. Moitié moins en Ligue Europa, une compétition loin de passionner les foules dans la capitale. Un désintérêt que le Corriere dello Sport décrit comme un “désert d’affection”.
La Green Brigade remet ça
Finalement, 27 000 personnes ont garni les tribunes du stadio Olimpico, dont un tiers pour pousser le Celtic. Un rapport de force rare dans le football. Les manoeuvres marketting du club romain avec des billets à 10 euros en virage, ont permis de limiter les dégâts. Mais en tribune, les 9 000 fans du Celtic ont encore dominé les débats. La vigilance des autorités quant aux “banderoles à caractère politique” suite au récital de la Green Brigade au match aller, a été déjouée. Une version réduite du tifo “Brigate Verde” du match aller a notamment été déployée dans le secteur réservé aux ultras du Celtic. Les fans écossais se sont une nouvelle fois allègrement moqués de Mussolini, figure que les Irriducibili n’hésitent pas à honorer. Faute d’avoir pu faire entrer dans le stade la fameuse bannière “Follow your leader” avec l’effigie du dictateur fasciste pendu par les pieds à son crochet de boucher, des supporters du Celtic se sont amusés, pour fêter la victoire, à mimer la scène en faisant le poirier.
L’attaquant Olivier Ntcham qui a eu à essuyer les traditionnels cris racistes descendus de la curva des Irriducibili a ponctué cette soirée de la plus belle manière en marquant le but de la victoire à la 95e minute, clouant les becs fascistes et scellant par la même occasion le sort des Laziale dans la compétition. Le doigt sur la bouche, il s’en est allé effectuer une figure acrobatique, en guise de célébration. La photographie tête en bas de Ntcham, comme celle des fans en tribune, tourne en boucle et est devenue une image symbolique de l’antifascisme triomphant des ultras du Celtic.
Sur le terrain, en tribunes et sur les réseaux sociaux, la victoire est totale. Et plus encore, il s’agit de la première victoire de l’histoire des Bhoys en terre italienne, et seulement la deuxième fois qu’ils battent une équipe italienne hors de leur jardin du Celtic Park. La première fois c’était les légendaires Lisbon Lions, venus à bout de l’Inter d’Helenio Herrera, en 67 lors de la finale de Clubs Champions.
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