Les supporters du Clapton CFC face à la sécurité de Brentford

(©Clapton Punks)

Le 29 septembre dernier, l’équipe féminine du Clapton CFC – qui évolue au 6e niveau – se déplaçait à Brentford pour un match de championnat. Les joueuses ont eu l’honneur du Gtech Community Stadium, enceinte moderne habituée aux matchs de l’équipe professionnelle masculine du Brentford FC… et aux normes sécuritaires qui vont avec.

Les supporters du Clapton CFC ne sont pas pressés de voir les leurs accéder un jour à la Premier League. L’équipe féminine leur a permis d’avoir un avant-goût du zèle des stewards et de la rigidité sécuritaire qui règne dans ces stades, notamment en matière de banderoles, de drapeaux, et autre matériel d’animation classique comme les tambours. La Brigata Ultra’ Clapton a ainsi été expulsée du stade avant même le début du match. La raison? Des bannières qui contrevenaient, selon la sécurité du club, aux règles en vigueur interdisant les contenus “offensants”.

Le collectif ultra explique pourtant avoir pris attache en amont auprès du Brentford FC et s’être plié à ces exigences. Les choses ont commencé à se gâter dès la fouille à l’entrée, comme la Brigata Ultra’ Clapton le raconte: “Immédiatement, on nous a dit qu’il était impossible de faire rentrer nos bannières à l’intérieur, car seules celles de Brentford étaient autorisées. […] La situation a viré à la limite de l’absurde quand on nous a expliqué que la bannière ‘Un autre football est possible’ n’était pas autorisée car elle pouvait avoir des ‘interprétations multiples’, y compris un ‘sens offensant’.”

Vous traitez les supporters comme de la merde

Après un temps de négociation, les services du Brentford FC avaient d’abord seulement interdit un drapeau dénonçant la brutalité policière ainsi qu’une banderole “Vérité pour Denis”, dédiée à Denis Bergamini, footballeur de Cosenza décédé il y a 35 ans. Motif du refus: Denis était un homme, et il s’agit d’un match féminin. C’est finalement une bannière en hommage à Federico Aldrovandi, tué par la police en Italie en septembre 2005, qui provoquera leur exclusion du stade. Après l’avoir autorisée, le Brentford FC a considéré que le visage d’Aldro était un message “politique”.

La réputation militante qui précède les fans du Clapton CFC a provoqué quelques sueurs à la sécurité de Brentford. L’exclusion de la Brigata Ultra Clapton n’a pas empêché une partie des autres supporters de déployer à l’intérieur du stade, l’espace de quelques instants, deux  banderoles portant le message “Love CCFC, Love Gaza”, en soutien au peuple palestinien. La sécurité est très rapidement intervenue pour la faire retirer. Les Clapton Punks ont dénoncé ce climat avec un mot pour Brentford: “vous avez peut-être un chic et joli stade, mais vous traitez les supporters comme de la merde”.

Ce déplacement au sud ouest de la capitale ne laissera pas un souvenir impérissable aux supporters du CCFC. Celles et ceux qui ont pu assister au match y ont quand même posé leur empreinte en chantant de la première à la dernière minute, malgré la défaite des leurs 7-0. Une confrontation avec la réalité sécuritaire absurde du football moderne qui fera dire à la Brigata Ultra Clapton: “Un autre football est possible. Mais pas à Brentford!”. Il se construit loin, très loin, des stades aseptisés où même la liberté d’expression est une chimère.

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