Les tribunes italiennes face à l’augmentation du prix des places

La saison de Serie A a débuté dans un climat de mécontentement des ultras devant les augmentations répétées du prix des places en virage et en parcage. Si la mobilisation se cantonne pour l’instant à des banderoles, elle pose à nouveau une question cruciale dans cette période d’inflation.

“75 euros pour un billet, c’est un manque de respect”. Avant la réception du Milan AC, les ultras de la Roma étaient montés au front pour revendiquer des “prix populaires”. Ceux de la Roma ont déployé cette banderole le jour du match contre l’AC Milan. En cause, l’indécence du prix des 500 derniers billets de la Curva Sud en vente sur le site du club, atteignant 75 euros. Le soir du match au Stadio Olimpico, les supporters milanais qui avaient fait le déplacement étaient restés silencieux quinze minutes derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire: “Parcages, plafonnez le prix des billets”. Du côté de l’Inter et du Napoli, les ultras ont également donné de la voix contre ces augmentations et réclamé le plafonnement des prix en parcage.

Cette revendication n’est pas inédite dans la Botte. Lors de l’automne 2019, des ultras de l’ensemble du pays, y compris des divisions inférieures, avaient déjà uni leurs voix pour réclamer des “prix populaires pour des parcages plus peuplés”. Mais rien ne semble retenir l’appétit des patrons de club. Le scandale des prix qui étaient montés à 90 euros en virage pour la demi-finale de Ligue des champions entre Naples et le Milan AC, la saison passée. Même les journalistes des principaux médias sportifs du pays semblent abattus et se font du mal en se souvenant que les Napolitains n’avaient eu à payer que 1000 lires pour voir les premiers pas de Maradona au San Paolo.

La Roma recule… un peu

En ce début de saison, selon des chiffres publiés fin août par le Corriere dello Sport, les prix des billets sont 28% plus chers que lors de la saison 2022-23. Une augmentation qui impacte principalement les supporters les plus fidèles ainsi que les moins fortunés. L’étude du quotidien italien se base sur une comparaison des prix minimums des billets, c’est-à-dire ceux donnant généralement accès ou aux virages ou tribunes “populaires”. Là où la moindre petite augmentation peut vraiment faire la différence. On y apprend que d’une moyenne de 18,15 euros, le billet le moins cher est passé à 23,28 euros pour les matchs de Serie A.

A titre d’exemple, la place en virage pour le Roma-Spezia lors de la saison 2022/23 au Stadio Olimpico avait coûté 22 €. Celle pour Roma-Salernitana de ce début de saison 2023/24, a coûté 35€, soit 13 € de plus. Soit une augmentation de 59%. L’Inter a même poussé jusqu’à des augmentations record de 120%! Pour éteindre ce début de colère, le club romain a fait un petit geste en vue de la réception d’Empoli le 17 septembre prochain, avec des billets proposés à 24 euros. La fronde des tifosi de la Roma a peut-être porté ses fruits, mais dans quelle mesure? Ce tarif reste plus élevé que la saison passée.

Dans ce sombre tableau, il y a malgré tout des clubs qui se démarquent en ayant préféré ne pas augmenter leurs tarifs pour l’instant. Bologne, Lecce, Monza, le Torino et l’Udinese ont des prix minimums compris entre 10 et 25 euros. Empoli (de 15 à 10 euros) et la Juve (de 50 à 45 euros) ont même baissé les leurs. En Italie, les clubs sont souverains en matière de politique tarifaire. Le prix du billet est généralement modulé en fonction de l’adversaire et a tendance à s’envoler lors des matchs contre les grandes équipes comme la Juve, l’Inter, le Milan AC, le Napoli ou la Roma coûtent généralement plus cher.

Il existe une antidote à Dazn, pas à la curva

Comme si le portefeuille des supporters n’était pas assez attaqué, les abonnements aux chaînes payantes diffusant la Serie A sont aussi en hausse. La version la moins chère de l’abonnement à Dazn, principal diffuseur pour suivre la Serie A derrière son écran atteint 40 euros par mois. Et encore ce n’est qu’une des plateformes nécessaires pour pouvoir suivre certains matchs. En parallèle, les instances lancent des campagnes publicitaires culpabilisantes contre le piratage – le fameux “pezzotto” – qui serait “en train de tuer le football”. Ce que la bourgeoisie du football feint de ne pas comprendre, c’est que le piratage n’est rien d’autre que la conséquence de la stratégie capitaliste qui exclut les supporters les plus précaires.

Les propriétaires ont parié sur la passion des tifosi. Selon le média Rivista Contrasti, les premiers chiffres des affluences ne leur donnent pas tord. La première journée du nouveau championnat de Serie A a enregistré une moyenne de 30 824 spectateurs, soit une augmentation de 4 % par rapport à la saison dernière. Un calcul qui pourrait ne pas être payant sur la durée mais qui prouve que ceux qui ont choisi d’augmenter les prix des secteurs populaires l’ont fait en toute connaissance du manque d’alternatives. Comme l’écrit Matteo Paniccia, “il existe une antidote à Dazn, pas à la curva”.

1 Comment

  1. Concernant les secteurs visiteurs, les Bianconeri ont fait savoir ces dernières semaines qu’ils ne voulaient pas demander aux fans des autres équipes de payer plus de 45 euros – ce qui reste élevé – pour son secteur visiteur, espérant qu’un traitement similaire sera réservé aux fans de la Juventus dans tous les stades d’Italie. Le club aimerait aussi qu’un accords collectif sur les politiques de billetterie soit trouvé. On reste au stade du vœux pieux. D’autant que pour la majorité des clubs, la réception de la Vieille Dame représente un butin non négligeable sur lesquels peu de présidents semblent disposés à s’asseoir. A titre de comparaison, pour les compétitions européennes, l’UEFA a depuis longtemps plafonné les billets pour les secteurs invités : 70€ pour la Ligue des champions, 45€ pour l’Europa League, 25€ pour la Conférence.

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