Lors du derby Servette – FC Sion le 19 octobre dernier, les ultras des deux clubs ont uni leurs forces pour dénoncer le contexte répressif qui vise les tribunes suisses. Les deux groupes appellent “à une prise de conscience collective face à ces dérives autoritaires”.
L’enjeu du match, même s’il s’agit d’un des derbys les plus passionnés du football helvète, a été relégué au second plan. Rivaux en tribunes, les supporters organisés du Servette FC et du FC Sion ont manifesté ensemble contre la répression policière qui a récemment visé le Gradin Nord du club valaisan. Peu avant le coup d’envoi, une banderole “Sion contre la répression” a été accrochée dans le secteur de la Section Grenat, pendant que dans le parcage, les fans du FC Sion faisaient de même avec une banderole “Genève contre la répression”. Derrière ces banderoles, les ultras des deux clubs avaient déserté les tribunes et fait une grève des animations et encouragements.
Face à la répression, les ultras manquent rarement de solidarité. “Notre rivalité sur le terrain est légitime et fait partie de l’histoire de nos clubs, mais aujourd’hui l’unité des ultras dépasse le cadre sportif”, ont expliqué les deux collectifs dans un communiqué commun. Il fait suite aux perquisitions, à la confiscation d’une bâche et la détention préventive de deux ultras de Sion après les incidents autour du match de leur équipe face à Lausanne Sport. Leurs mésaventures ont aussi retentit de l’autre côté des frontières du pays. Des messages de soutien ont ainsi été déployés en tribunes par les Indians Tolosa en France, les ultras du SV Ried en Autriche ou encore ceux du SpVgg Fürth en Allemagne.
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Cette répression s’inscrit dans un contexte plus large de criminalisation du mouvement ultra en Suisse, à l’image de ce qui existe dans de nombreux pays du continent européen. En dépit du rejet de l’ensemble du monde du football, y compris de la Swiss Football League, les autorités suisses ont durci leur arsenal judiciaire contre les groupes de supporters, au nom de la sacro-sainte “lutte contre le hooliganisme”. Sous l’égide de l’autorité chargée de délivrer les autorisations, présidée par le conseiller d’État valaisan Frédéric Favre, l’offensive sécuritaire a été uniformisée sur l’ensemble du pays. Cette instance étatique, qui délivre des sanctions collectives à la pelle, pousse pour la généralisation des billetteries nominatives.
“Nous ne serons ni effacés, ni réduits au silence”, clame le message commun du Gradin Nord et de la Section Grenat. Sa portée se veut plus globale et en défense du mouvement ultra, “ancré dans des valeurs de résistance et de passion”, et des tribunes populaires confrontées à la répression chaque week-end. “La culture ultra est bien plus qu’un simple soutien aux équipes: c’est une manière de vivre et de défendre ses idéaux. Et ces idéaux ne se laisseront pas réprimer”, assurent-ils. L’unité et la solidarité seront essentielles, comme lorsque les ultras des différents clubs se sont opposés, déjà au projet de billets nominatifs, lors de la pandémie en 2020.
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