A l’occasion du célèbre Old Firm l’opposant aux Glasgow Rangers, le Celtic a répondu présent sur le terrain (4-0). La rivalité entre les deux clubs dépasse largement le cadre sportif. En tribune, les ultras ont encore frappé fort avec une scénographie marquante.
A Glasgow, la rivalité entre le Celtic et les Rangers va bien au-delà du seul cadre sportif. Le Old Firm – nom du match qui oppose les deux équipes qui se partagent l’essentiel des titres du football écossais – est le moment le plus important de la saison pour les supporters. Pour faire simple, le cœur des fans du Celtic penchent plus du côté des opprimés, contrairement aux fans des “Gers”.
Le Celtic incarne depuis plus d’un siècle les aspirations de la communauté irlandaise et catholique, majoritairement issue du monde ouvrier et des quartiers défavorisés de la ville, tandis que les Rangers sont les représentants sur le rectangle vert de l’establishment écossais et protestant, loyal à la couronne d’Angleterre. Ce derby a beau être le match phare de la Scottish Premiership, il est imprégné du “conflit nord-irlandais”.
Le secteur debout du Celtic Park est habitué aux scénographies rendant hommage à la résistance irlandaise, sous l’impulsion de la Green Brigade et de la North Curve Celtic, entité plus large créée en 2016. Pour la réception des Rangers ce samedi 3 septembre, la tribune des ultras a été fidèle à sa réputation de garante des valeurs et de l’identité du peuple du Celtic, en déployant l’image célèbre du “Petrol Bomber”, accompagnée du message: “Today we dare to win”. Clin d’œil à la militante socialiste irlandaise, Bernadette Devlin.
Des Bogside Artists aux ultras du Celtic
Cette image, considérée comme l’une des plus marquantes et iconiques du déclenchement des “Troubles”, est à l’origine une photographie prise par Clive Limpkin en août 1969, lors de la “Bataille du Bogside” à Derry. La photo d’un gamin de 13 ans en veste en cuir, avec un masque à gaz et un cocktail molotov en main, a été reprise en couverture de nombreux magazines à travers le monde. Elle immortalise le jeune Paddy Coyle comme un des acteurs de ces trois jours d’émeutes très violentes entre les partisans républicains issus de la communauté catholique et la police royale de l’Ulster, défendant l’ordre britannique et protestant.
En 1994, le collectif des Bogside Artists – composé de Tom et William Kelly (cousins de Paddy Coyle) et de Kevin Hasson – a reproduit cette photo pour en faire une œuvre murale à l’entrée de Derry à l’occasion de l’anniversaire des 25 ans de la Bataille du Bogside. A la mort de Paddy Coyle en juillet 2020, Tom Kelly avait déclaré qu’il allait manquer “à tous ceux qui l’ont connu et aimé… mais l’image de lui en 1969, en jeune garçon, vivra à jamais.” La scénographie proposée par les ultras du Celtic est la preuve de cette immortalité.
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