Les sportifs qui ont, de près ou de loin, milité dans le mouvement anarchiste ou syndicaliste révolutionnaire ne sont pas nombreux. Personnage atypique, Nicolaas Steelink, membre des IWW dans les années 20 et figure du soccer en Californie, fait partie de ces rares énergumènes.
Dans la riche histoire des International Workers of the World (IWW), le syndicat révolutionnaire né aux États-Unis au début du 20e siècle, peu de ponts ont été créés avec le monde du sport. L’un des sportifs wobblies – comme on surnomme les membres du syndicat – les plus célèbres est sans aucun doute Nicolaas Steelink, un américain né à Amsterdam en 1890. Nick était un passionné de football, sport découvert aux Pays-Bas où il jouait dans l’équipe de son entreprise, la compagnie maritime HSM. Plus tard, il exercera le métier de comptable.
Arrivé aux États-Unis en 1912, il rejoint rapidement l’IWW et s’affirme comme un militant très actif. Sous le pseudonyme d’Ennes Ellae, il prend souvent la plume pour écrire dans l’Industrial Pioneer, le journal du syndicat. Dans une Amérique en pleine offensive contre la classe ouvrière organisée, il faut du cran. Inculpé avec plusieurs dizaines de militants pour avoir enfreint le scélérat “Criminal Syndicalism Act”, Steelink sera incarcéré à la prison de San Quentin en 1920. De ses années wobblies, il reste une importante correspondance couvrant près de quatre décennies d’engagement.
Une part importante de sa vie consacrée au football
Libéré sur parole après un peu plus de deux ans, Steelink n’abandonne pas l’activisme syndical, ni le football. Mais progressivement le second va prendre le pas sur le premier. Même si chez lui ces deux sphères sont intimement liées. “L’amitié et la camaraderie développées sur le terrain à Los Angeles lui ont permis d’analyser les grandes questions politiques de l’époque, comme la Première Guerre mondiale, les conditions de travail épouvantables pour la plupart des ouvriers du pays et les lynchages des personnes de couleur“, expliquait Neil Parthun dans un article reproduit sur le site Libcom.
Après son passage en prison, Steelink retrouve sa vie à Los Angeles avec sa femme Fannia, née en Russie et militante comme lui. De leur union naîtront deux enfants, Cornelius et Eva. Par la suite, il s’installera à Tucson dans les années 60. Il s’y éteindra le 21 avril 1989, à l’âge de 98 ans, non sans avoir consacré une part importante de sa vie au football, transmettant son amour du “beautiful game” aux plus jeunes. Nick Steelink a longtemps été un des dirigeants de la California Soccer League qu’il a participé à créer en 1958, ce qui lui vaudra d’être intronisé en 1971 au National Soccer Hall of Fame.
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Sources: *Soccer vs. the State: tackling football and radical politics, Gabriel Kuhn *"A portrait of IWW Athletes", Neil Parthun
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