Programmation de la L2: BeIN Sports jette des miettes pour un retour au calme

Après la décision de décaler l’essentiel des matchs de Ligue 2 au vendredi soir, les quatre premières journées ont donné lieu à de multiples protestations, interrompant les matchs et gênant leur diffusion: banderoles, fumigènes, lasers, balles de tennis… BeIN Sports a dû revoir sa copie, sans pour autant répondre aux attentes des supporters.

Vous avez préféré la grève au dialogue. La balle est aujourd’hui dans votre camp. Dans notre intérêt commun et l’intérêt supérieur du football français”, écrivait l’Association Nationale des Supporters (ANS) dans sa lettre ouverte à Florent Houzot, directeur de BeIN Sports France. Cette ultime mise en garde était restée sans effet. Au contraire, les déclarations provocantes de Florent Houzot – pour qui “le vendredi, c’est le week-end” – n’ont fait que confirmer le profond antagonisme entre les intérêts commerciaux du diffuseur et la passion populaire. Par la voix de son directeur, BeIn Sports a martelé son opposition ferme à un retour du multiplex le samedi, pourtant compris dans l’appel d’offre initial.

Symbolisée par les slogans “BeIn Sports tue la Ligue 2” ou “Le foot c’est le week-end”, la grève reconductible menée par les groupes de supporters qui a pris des formes multiples a contraint BeIN Sports à se remettre autour de la table. Face aux multiples interruptions de match pour cause de fumigènes ou de balles de tennis, la LFP et le diffuseur se sont mis d’accord pour programmer un match supplémentaire – un match du multiplex du vendredi soir – le samedi à 20h. Cette décision a été annoncée le 12 septembre dernier, à l’issue d’une réunion entre la Ligue, les clubs de L2, BeIN Sports et des représentants de l’ANS. Elle prendra effet pour la 8e journée, le premier week-end d’octobre.

Une proposition très insuffisante

Une réelle sortie de crise est-elle seulement envisageable sans un retour au calendrier initialement prévu avec des matchs exclusivement le week-end? Si l’ANS a salué “cette proposition qui constitue nécessairement un petit pas et qui démontre un début de compréhension des principaux enjeux s’imposant aux supporters”, elle estime dans l’ensemble que ce qui est sorti de la réunion ne répond “que très partiellement aux contraintes pesant sur des dizaines de milliers de supporters”. Ce décalage d’une seule rencontre est en effet semblable à des miettes qu’on jette pour acheter la paix, au moins temporairement.

Suite à cette décision, et après concertation de l’ensemble des groupes de supporters, certains ont communiqué pour expliquer leur décision de mettre un terme à la grève sous sa forme actuelle et reprendre les encouragements en tribune. Même s’ils dénoncent “une nouvelle programmation plus qu’insuffisante”, les Red Star Fans et la Tribune Rino Della Negra jugent qu’au vu de l’impasse de la situation, la poursuite de la grève des encouragements “ne serait pas bénéfique”. Tout en assurant que leur opposition à BeIN Sports “ne faiblira pas”, les ultras audoniens annoncent que la ferveur sera de retour au Stade Bauer dès la 5e journée.

La grève s’arrête, pas la contestation

Autre entité phare de la mobilisation, la Tribune Ouest Grenoble reconnaît que “cette grève, pourtant utile et nécessaire, était un crève-cœur pour l’ensemble des supporters”. Les Red Kaos ont même reporté les célébrations prévues pour leurs 30 ans! Mais ils l’assurent, ce retour des encouragements ne signifie en rien que la contestation s’arrête. “A Grenoble comme ailleurs, nous sommes déterminés à défendre les intérêts des supporters et le foot le week-end.” Fermée à titre conservatoire suite aux actions revendicatives – notamment l’utilisation de lasers – lors de la réception de Pau, la tribune paye déjà cher son engagement contre BeIN Sports.

Le 24 août dernier, à l’occasion de Lorient-Grenoble, un car-régie BeIN Sports a été pris pour cible et peinturluré. (©Ouest-France)

La LFP, via sa commission de discipline, met la pression sur les clubs en les menaçant d’amendes ou de huis clos partiels. Une répression dénoncée dans le long communiqué des Merlus Ultras (Lorient), parmi les principaux acteurs de la lutte, qui déplorent la tendance du football moderne à “privilégier le spectateur au détriment supporter”. Constatant les effets relativement limités des banderoles et de la grève des encouragements, pour eux “seules les interruptions de matchs semblent avoir un impact”. Une forme de radicalité payante. Sans ces petits débordements, BeIn Sports – qui refuse par ailleurs de verser la première traite des droits télé à la LFP – n’aurait pas bougé d’un iota. De quoi donner confiance et une méthode pour faire plier les instances dans les combats futurs?

Édito n°68

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