Début avril, les suppoters du club de Vallekas, quartier ouvrier madrilène, s’étaient élevé contre la volonté du club de lancer une procédure de chômage partiel (ERTE) contre l’ensemble des salariés. Celle-ci est effective depuis le début du mois de mai et provoque la colère légitime des supporters mais aussi du coach Paco Jémez qui rappellent que le club a déclaré près de 20 millions de bénéfices la saison dernière.
Le président Raúl Martín Presa continue son travaille de sape au Rayo Vallecano, en imposant ses mesures de façon autoritaire contre la volonté des supporters et de la plupart des salariés du club. Instauré par un décret de l’Etat du 17 mars dernier, suite à la pandémie de coronavirus, le dispositif ERTE (Expediente de Regulaciόn Temporal de Empleo) permet au entreprises de mettre temporairement les salariés en chômage partiel. Plusieurs clubs professionnels ont sollicité ce dispositif en Espagne. Au Rayo, il va s’appliquer à l’intégralité des salariés du club: joueurs de l’effectif professionnel, staff technique, équipe féminine, centre de formation, mais aussi tous les autres travailleurs employés pour des salaires beaucoup plus modestes.
Salaire à 70% et chômage partiel “rétroactif”
Comme la recette du pouvoir est toujours de diviser pour mieux régner, le club n’a pas hésité à imputer l’application de l’ERTE également à ces salariés plus vulnérables, au refus des joueurs d’accepter les propositions des dirigeants. Les négociations portant sur les conditions de ce chômage partiel ont été menés par David Cobeño, directeur sportif. A ce moment-là, le soucis principal de Paco Jémez, n’en déplaise aux dirigeants, était déjà le sort des travailleurs avec les plus petits salaires. « Je me fiche de l’accord qui sera conclu, mais on ne peut pas permettre qu’un seul centime soit prélevé sur les salaires des travailleurs du club, excepté ceux des joueurs de l’équipe professionnel et du staff technique. Si nous faisons cette erreur, nous devrons tous quitter le Rayo et Vallekas. »
Les dirigeants ont choisi l’option de s’attaquer à tout le monde. Les différents travailleurs touchés verront ainsi leur salaire réduit à 70%. La presse espagnole a précisé que l’ERTE serait rétroactif et prévoit de récupérer une partie des salaires versés intégralement au mois de mars, alors que la pandémie de Covid-19 avait déjà été déclarée.
« Quand un club fait des bénéfices, personne ne lui demande des augmentations de salaire »
En plus d’être reçu par l’ensemble de la communauté rayista, très attachée aux valeurs et à l’identité ouvrières du club, comme une volonté de mise au pas des salariés, cette mesure est unanimement jugée incompréhensible car le club a déclaré plus de 19 millions d’euros de bénéfices la saison dernière. « Où sont-ils ? » demandaient les Bukaneros dans leur communiqué du 10 avril dernier.
De son côté, le coach de l’équipe première, Paco Jémez n’a de nouveau pas mâché ses mots, parlant d’un manque de respect pour les travailleurs du Rayo. Interrogé par la presse, il a ouvertement critiqué la décision de la direction « De la même manière que, quand un club fait des bénéfices, personne ne lui demande des augmentations de salaire […], lorsque le club perd de l’argent, il me paraît injuste qu’on demande aux travailleurs de payer une partie de cette situation. »
Les Bukaneros, qui ont participé depuis le début de la pandémie à une vaste campagne de solidarité à destination des personnels soignants, parlent eux d’un des épisodes les plus graves de l’histoire du club et, concernant le président Martín Presa, d’une des « plus grandes hontes de l’histoire du Rayo Vallecano ». Un titre qu’il n’a pas volé.
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