Sanctionné sévèrement pour avoir dénoncé un nouveau naufrage tragique en Méditerranée, conséquence d’une politique migratoire xénophobe, l’Athletic Brighela – équipe de 9e division italienne – a reçu de nombreuses marques de soutien et assume sa prise de position.
«Prenez une ville du nord de l’Italie, Bergame.
Prenez un énième massacre atroce et odieux de migrants en mer, celui de Cutro.
Prenez une équipe de calcio popolare, les sœurs et frères de l’Athletic Brighela.
Prenez un arbitre servile et zélé, et un juge sportif parfaitement aligné sur les diktats du pouvoir.
Vous avez ainsi tous les ingrédients d’une histoire incroyable et honteuse.»
Par ces mots publiés sur Facebook, le Spartak Apuane affirme son soutien à l’Athletic Brighela, petit club de Bergame issu du mouvement antifasciste et attaché aux valeurs du football populaire. L’équipe qui évolue en Terza Categoria s’est récemment vue sanctionnée par les instances après avoir posé avec une banderole sur laquelle était inscrit “Cimetière méditerranéen, Assez de morts en mer”. Dimanche 5 mars, sur le terrain du River Negrone à Scanzorosciate, les joueurs ont ainsi dénoncé le nouveau naufrage tragique où 76 personnes ont perdu la vie en traversant la Méditerranée, le 26 février dernier, au large de Cutro en Calabre.
«Notre association s’est toujours engagée sur la question du phénomène migratoire et notre position est claire, face à ce qui est, à toutes fins utiles, un massacre inacceptable pour une société, la société italienne, qui devrait apprendre à être beaucoup plus inclusive», avait déclaré Eros Tasca, directeur sportif de l’Athletic Brighela au journal Bergamo Sport, à l’issue du match. Cette manifestation symbolique n’a pas été du goût des instances qui ont infligé une amende de 550 euros au club et ont suspendu le capitaine Pietro Rota et le coach Luigi Cattaneo jusqu’au 23 avril.
Gouvernement xénophobe, instances hypocrite
Depuis l’annonce de ces sanctions, les marques de soutien ont afflué. Du monde du sport populaire italien au club parisien du MFC 1871, en passant par de nombreuses personnes qui ont proposé à titre individuelle de participer au paiement de l’amende. Le club les a encouragé à diriger leurs dons vers les ONG qui viennent en aide aux réfugiés. «Nous ne nous sentons pas coupables du tout. L’amende est-elle arrivée et les disqualifications sont-elles arrivées? Nous paierons. Mais aucun d’entre nous ne se considère comme victime de cela. Les victimes sont au fond de la mer et elles sont plus de 26 000 ces dix dernières années.»
L’action de l’Athletic Brighela a le mérite de mettre en lumière les directives abjectes de l’actuel gouvernement xénophobe de Giorgia Meloni – même s’il ne faut pas perdre de vue que ses prédécesseurs n’ont pas fait mieux – autant que l’hypocrisie des instances du football amateur italien. Ces dernières, qui avaient toléré, à dessein, des messages anti-guerre au moment de l’invasion russe en Ukraine, sont incapables de la moindre compréhension face à un message humaniste, dénonçant des milliers de vies volées par l’Europe-forteresse.
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