Le Centro Storico Lebowski a annoncé sur son site l’arrivée de trois joueuses du Bastan FC, de Herat. Accueillies à Florence en septembre dernier après avoir fui leur pays, les filles s’entraînaient depuis plusieurs semaines avec le club.
C’est par leur prénom que les trois footballeuses venues d’Afghanistan sont nommées dans le communiqué du CS Lebowski: Fatima, Susan et Maryam. Une précaution pour ne pas mettre en danger les membres de leurs familles restées au pays, sous le régime obscurantiste des talibans. Leur prise de pouvoir durant l’été 2021 a conduit à l’interdiction de la pratique du sport pour les femmes, menaçant directement l’intégrité des sportives afghanes, notamment les footballeuses. Le développement du football féminin ces dernières années en Afghanistan était considéré comme un symbole d’émancipation.
Le club clarifie sa démarche
Aujourd’hui, la plupart des joueuses du Bastan FC ont ainsi réussi à fuir le pays. Fatima, Susan, Maryam, et leur coach Najibullah, sont venus en Italie avec l’aide de COSPE, une organisation à but non lucratif engagée pour “le respect des droits humains, la paix et la justice entre les peuples”. La municipalité de Florence et l’association Caritas ont aussi œuvré à leur accueil, sans les éloigner du football. “Elles vont pouvoir reprendre le sport qu’elles aiment avec notre maillot, grâce aussi à la grande sensibilité de la FIGC” se réjouit le CS Lebowski. “Nous sommes fiers d’avoir été considérés comme un environnement sportif et humain à la hauteur, mais nous sentons aussi que nous sommes dans une position délicate sur laquelle nous devons nous exprimer.”
Dans son communiqué, le CS Lebowski ne se contente pas de souhaiter la bienvenue à ses nouvelles joueuses. L’information étant sortie dans les médias, le club a dû publier sa propre réaction Avec un message contenant une forte teneur anti-impérialiste, le club entend clarifier sa démarche solidaire. Pointant la responsabilité italienne dans son soutien répété aux actions de l’OTAN, le CS Lebowski fustige les opérations militaires passées et les politiques de déstabilisation menées dans cette région du monde. “Nous nous sentons dans une position délicate car des initiatives comme la nôtre ont pour effet de “laver” les responsabilités de l’Occident. Souvent, le geste aimable et charitable est l’exact revers d’une médaille faite de guerre et de colonialisme.”
“Le sport est un instrument de libération personnelle et collective”
Le club toscan, conscient de la situation, a justement pris le temps avant de s’exprimer publiquement sur l’arrivée de Fatima, Susan et Maryam sous le maillot grisonero; préférant laisser parler son engagement militant. “Nous nous considérons, à notre petite échelle, comme une entité de lutte qui veut rompre avec les conditions existantes et provoquer le changement, en essayant de communiquer à travers les actions que nous produisons.”
C’est tout à l’honneur du CS Lebowski, un des tous premiers clubs de calcio popolare de la péninsule, qui nous rappelle qu’il n’y a pas que la compétition ou le profit dans le football. “Nous pensons que le sport est un instrument très important de libération personnelle et collective, un moment de réappropriation et de revendication de son corps […] Nous voulons le libérer de plus en plus de la logique de l’exploitation économique, comme de l’oppression politique et culturelle.” Le CS Lebowski n’est décidément pas un club comme les autres.
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