
Comme un symbole puissant, c’est à Guernica que les fédérations basque et palestinienne ont présenté ce futur match amical. Une première pour la sélection nationale palestinienne en Europe. L’intégralité des recettes de billetterie sera reversée à des associations humanitaires à l’œuvre dans la bande de Gaza. Les jours suivants, une rencontre amicale contre la Catalogne devrait suivre.
Jibril Rajoub et Iker Goñi, présidents des deux fédérations, se sont retrouvés au Musée de la Paix de Guernica. Pour le président de la fédération basque, le choix de Guernica ne doit rien au hasard. “Dans un lieu comme celui-ci, il est impossible de ne pas se souvenir du 26 avril 1937, quand la barbarie a ravagé la ville et emporté près de 2000 vies innocentes. La tragédie de Guernica est devenue un symbole universel contre la violence et l’injustice. Aujourd’hui, près de 90 ans plus tard, ce symbole reste vivant et nous interpelle face à la souffrance d’autres peuples.”
Selon la Cadena SER, Rajoub a salué l’engagement du peuple basque en soutien à la cause palestinienne, notamment durant la Vuelta. “Ce match a une dimension politique très profonde. Nous voulons rappeler à la communauté internationale, y compris aux États-Unis, qu’il s’agit d’une question politique. Comprendront-ils le message et prendront-ils la bonne décision au bon moment? J’espère que oui”, a déclaré le président de la Fédération Palestinienne de Football (PFA), affilée à la FIFA. Elle est membre de la Confédération Asiatique et participe aux différentes compétitions continentales.
Étaient aussi présents, Susan Shalabi (vice-présidente de la fédération palestinienne) et Yaser Hamed, défenseur de l’équipe nationale de Palestine, qui porte actuellement les couleurs d’Al-Gharafa au Qatar. Hamed est né et a grandi au Pays Basque. Il a eu du mal à retenir ses larmes au moment d’évoquer ce match qui dépasse le cadre du sport et de remercier le peuple basque pour sa solidarité. Formé chez les jeunes de l’Athletic Bilbao, c’est l’ambassadeur idéal de cet événement. Bien plus qu’un match amical, il faut y voir un pont symbolique vers la Palestine, colonisée, assiégée, affamée.
Alors que les accords de paix dictés par Donald Trump, dans l’intérêt de son allié israélien, les instances continuent de freiner des quatre fers pour sanctionner la fédération d’un État d’apartheid. Le football reste terrain de lutte contre les crimes colonialistes et de dénonciation du génocide en cours à Gaza. Le Pays Basque fait partie des territoires, comme l’Irlande ou Gènes, où la solidarité avec le peuple palestinien s’exprime avec le plus ferveur. Les manifestations solidaires s’y multiplient. Le syndicat ELA appelle même à une grève le 15 octobre prochain pour exiger des gouvernements et des entreprises la suspension de leurs relations avec Israël.

Cette culture militante imprégnée d’antifascisme et d’anti-impérialisme se retrouve largement dans les stades de la Real Sociedad, de l’Athletic Bilbao, d’Osasuna et d’Alavés. De nombreuses banderoles y sont déployées, à l’image de celle de la Herri Harmaila vue lors de la réception d’Arsenal par l’Athletic Bilbao en Ligue des Champions: “Nous serons à tes côtés jusqu’au dernier jour”. Les Indar Gorri d’Osasuna ont pour leur part interrompu le match face à Getafe pour protester contre le génocide à Gaza. L’image la plus impactante est venue des Iraultza 1921, ultras d’Alavés, avec une reproduction du célèbre tableau de Pablo Picasso, revisité aux couleurs de la Palestine.
L’Athletic Bilbao est le premier club des championnats du “Big 4” à avoir pris une position officielle contre le génocide à Gaza. Avant la réception du Real Mallorca, le club a organisé un événement de solidarité avec le peuple palestinien à San Mamés. Un groupe de réfugiés palestiniens accueillis au Pays Basque, dont Honey Thaljieh (ancienne capitaine et cofondatrice de l’équipe féminine de Palestine), a été invité et ovationné par les tribunes, tandis que les écrans du stade affichaient le message: “Athletic Palestinaren alde. Stop genozidioa” (“L’Athletic avec la Palestine. Stop au génocide”).
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