Belgique: le projet de nouvelle “Loi Football” fonce dans le tout-répressif

(©RTBF / Belga)

Les tribunes populaires et les groupes de supporters sont dans le viseur des autorités belges: les actes violents et l’utilisation d’engins pyrotechniques dans les stades par les supporters. La loi prévoit de porter la durée maximale des interdictions de stade à dix ans, contre cinq ans actuellement.

“Les interdictions de stade vont pleuvoir!”, titraient il y a quelques jours plusieurs médias belges sur un ton mi-menaçant, mi-triomphal. La commission de l’intérieur de la Chambre vient en effet d’approuver le 31 mai dernier la nouvelle mouture de la “Loi Football”, qui affiche la volonté d’appliquer une “tolérance zéro absolue” et durcit la précédente loi datée de fin 1998.

Conséquence directe de la billetterie nominative, les stadiers et agents de sécurité se verront leurs prérogatives élargies et seront désormais autorisés à demander aux détenteurs d’un billet de présenter leurs papiers d’identité. Cette mesure qui étend le pouvoir de police au privé est présenté comme un outil au service de la lutte contre le hooliganisme.

Augmentation des peines et des amendes

Cette volonté de pacifier les tribunes est le cheval de bataille de la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden, déjà à l’initiative du plan d’action “Ensemble pour un football sûr” lancé en mai dernier. Collaboration entre le ministère, la Fédération Belge de Football et la Pro League, ce plan affichait l’ambition d’augmenter les chances d’être arrêté en cas d’infraction et de sanctionner plus rapidement.

Le projet de loi met au même plan les actes racistes ou xénophobes et l’utilisation de fumigènes: la sanction minimale est une interdiction de stade de 30 mois d’interdiction de stade et une amende de 1500 euros. Verlinden montre qu’elle n’a pas l’intention de répondre aux propositions de certains supporters d’entamer un dialogue et des expérimentations sur les fumigènes.

Dans son dernier communiqué, le Collective Ultras Belgium dénonce la “gestion bâclée du dossier” ajoutant que “Tout le monde se délecte dans différents shows pyrotechniques et se dit même prêt à travailler sur le sujet“. Ils déplorent les intentions de la ministre, tandis que “plusieurs pays voisins ont décidé de ne plus faire de l’utilisation de la pyrotechnique un tabou“.

La France en exemple?

Le collectif repose sur la table la question d’un usage “encadré”, une proposition qui trouve un écho certains dirigeants. La Pro League, par la voix de son président Loryn Paris, s’était d’ailleurs dite favorable à une autorisation strictement encadrée sur le modèle de ce qui se dessine en France. Selon RTL, la Pro League avait déjà pris contact à ce sujet avec différents groupes de supporters.

Si la France, avec son encadrement très strict et ses expérimentations hypocrites, est citée en exemple autant par les supporters que par les dirigeants, c’est dire à quel point le gouvernement belge s’engage dans la voie d’un tout-répressif. La ministre Verlinden, à ses risques et périls, fait le choix du rapport de force. Elle devrait pourtant elle aussi jeter un coup d’œil à ce qu’il se passe en France

La répression n’y a en effet jamais empêché l’usage d’engins pyrotechniques. Au contraire. Sur Twitter, l’avocat Pierre Barthélémy a rappelé quelques chiffres utiles. “Selon Le Parisien, la LFP a comptabilisé plus de 6.000 fumigènes en L1 et en L2 cette saison. Avant qu’on prononce des huis-clos pour fumigènes, on était à moins de 1.500 par an. Au début des huis-clos, c’est monté à 3.000.”

 

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