Bordeaux met la pression sur ses indésirables, l’UNFP cible les méthodes de Gérard Lopez

Le syndicat des footballers professionnels a publié un communiqué mettant en cause le sort réservé aux joueurs mis à l’écart par les Girondins de Bordeaux qui aimerait, dans l’attente de les transférer, baisser leur salaire de 20%. Les joueurs refusent et sont dans leur droit.

“Maintenant, place au sport!” avait triomphalement twitté Gérard Lopez après l’annonce du maintien des Marine et Blanc en Ligue 2. Entre le plan de licenciement de 70 salariés et la construction d’un effectif compétitif, il reste encore quelques dossiers à gérer pour la direction bordelaise. Passé le soulagement logique provoqué par la décision de la FFF, la Direction Nationale de Contrôle et de Gestion (DNCG) a imposé au club un encadrement strict de sa masse salariale.

Lopez demande à plusieurs joueurs de baisser leur salaire

Pour pouvoir recruter de nouveaux joueurs et homologuer les contrats de Yoann Barbet et Vital N’Simba – arrivés il y a plusieurs semaines déjà – les Girondins de Bordeaux doivent, comme on dit vulgairement, “dégraisser”. La masse salariale actuelle dépasserait de près de 5 millions d’euros le plafond fixé par la DNCG et qui s’élèverait à 11,5 millions d’euros bruts annuels. Les Girondins et Gérard Lopez comptent donc sur plusieurs départs d’ici au 31 août, date limite du mercato.

Paul Baysse, Rémi Oudin, M’Baye Niang, Mexer, Mehdi Zerkane, Abdeljalil Medioub, Enock Kwateng et Davy Rouard: huit joueurs ont commencé la saison à l’écart du groupe professionnel, dans ce qu’on appelle un “loft”. Le message est clair, le club compte se débarrasser d’eux. Si la direction espère vendre Hwang Ui-Jo et M’Baye Niang rapidement, pour plusieurs joueurs indésirables au sein de l’effectif l’opération risque d’être un peu plus compliqué.

Pour accélérer le recrutement et l’homologation des contrats en attente, le club a demandé à plusieurs joueurs – parmi les salaires les plus important – de consentir à une baisse de 20% de leur salaire. Si certains, comme Danylo Ignatenko ou Fransergio, n’y seraient pas défavorables, cet effort a aussi été demandé aux “lofteurs” qui seraient logiquement moins enclins à satisfaire la requête d’une direction qui cherche à s’en débarrasser.

Fabriquer des boucs-émissaires, Lopez a la recette

Le type de rapport de force dans lequel les dirigeants ne recule devant aucune méthode de pression ou d’intimidation, à commencer par le “loft” et ses entraînements à 15h, “en pleine canicule“. Ces pratiques inadmissibles – tolérées jusqu’au 31 août par la Charte du Football Professionnel – s’accompagnent d’une communication toxique visant faire de ces joueurs qui refusent de céder aux desiderata de la direction les principaux responsables du blocage du recrutement. L’UNFP rappelle qu’ils sont “victimes, autant que leur club, du système de trading mis en place par leur président, indirectement cautionné par les instances“.

Une culpabilité fabriquée sur-mesure que le syndicat entend bien dénoncer. “Et, comme c’est trop souvent le cas, il s’agit désormais de déplacer les responsabilités vers les joueurs. Car au-delà de la pression exercée en interne, la médiatisation des mesures prônées par le club n’a qu’un but et témoigne de la volonté de Gérard Lopez de faire porter par les joueurs, qui refuseraient de baisser leur salaire, les raisons d’un éventuel naufrage.”

Gérard Lopez et Admar Lopes, directeur sportif du club (©Radio France/Jeanne Maisiat)

Maîtrisant l’art de l’inversion des valeurs, la communication girondine dédouane encore une fois Gérard Lopez et les errements de la direction. Le récit, solidement ancré, qui en fait le sauveur suprême du club donne un crédit démesuré au businessman luxembourgeois dont le nom est essentiellement associé à des échecs fracassants dans le monde du sport. N’en déplaise à monsieur Lopez et à ses fidèles soutiens, les joueurs indésirables ont des contrats et sans solution au 31 août, le coach Guion sera bien obligé de les réintégrer à son groupe.

Face aux critiques, une répartie usée et répétitive

À Bordeaux comme ailleurs, quand Gérard Lopez joue, ce sont les joueurs qui trinquent“, écrit l’UNFP dans son communiqué. Le syndicat est dans son rôle quand il s’en prend à l’homme d’affaire qui jouit du soutien des instances, des politiques locaux et d’une part importante des supporters. On ne résiste pas à l’envie de citer Bill Shankly. “Dans un club de football, il y a une Sainte Trinité: les joueurs, l’entraîneur et les supporters. Les présidents n’en font pas partie. Ils sont juste là pour signer les chèques.”

Même si côté girondin, face à la récurrence des critiques, les résidus d’union sacrée tiennent toujours, quitte à jouer sur la corde victimaire et recourir à cette répartie usée et répétitive qui prétend que taper sur le patron du club “serait à la mode” et plus facile que de taper sur le PSG. Parmi les supporters bordelais, ceux qui soutiennent, depuis plus d’un an maintenant, Gérard Lopez contre vents et marées seront peut-être bien inspirés d’ouvrir les yeux sur le mal que ce spéculateur fait à l’image de leur club.

Pour finir, un mot sur Paul Baysse. Le joueur formé au club fait partie des joueurs indésirables pris pour cible. Son engagement syndical au sein de l’UNFP, lui a d’ailleurs valu les foudres d’une partie de la communauté girondine sur les réseaux sociaux. Un comble quand on se rappelle que le joueur était présent le 9 juillet dernier à la manifestation appelée par les Ultramarines pour sauver les Girondins de Bordeaux. Une preuve d’amour qui vaut toutes les réductions de dette.

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