Championnat uruguayen: Ni oubli ni pardon pour les militaires tortionnaires

Le Club Social y Deportivo Villa Española, club du quartier populaire du nom à Montevideo, est très engagé dans la défense de la mémoire des victimes de la dictature militaire et du terrorisme d’état qui a mis l’Uruguay sous sa botte entre 1973 et 1984. Le club l’a à nouveau démontré ce week-end. 

Le résultat du match de Primera Division uruguayenne entre Peñarol et Villa Española est et restera anecdotique. Ce samedi 26 juin, les joueurs du “Villa” ont tenu à afficher leur solidarité avec toutes les victimes torturées, assassinées ou disparues durant la dictature militaire, déployant avant le match une banderole claire portant l’inscription “Ni oubli, ni pardon”. La raison ? La mort la veille, dans son lit de l’hôpital militaire de Montevideo, d’un des tortionnaires dont l’Amérique du Sud s’est fait une spécialité, bien aidée il est vrai dans sa besogne par le “savoir-faire” français et américain en la matière.

Le tortionnaire en question, c’est  José Nino Gavazzo, colonel de l’armée sous la dictature et responsable de l’Opération Condor au pays des Tupamaros. Gavazzo était membre du sinistre SID (Servicio Informacion y Defensa) responsable de la répression visant les opposants politiques d’extrême-gauche dans le cadre de la guerre contre-subversive menée par la junte militaire, tant sur le territoire uruguyen qu’hors des frontières du pays où il traquait les militants exilés.

Parti comme un lâche 

Condamné après la fin de la dictature, il n’a jamais rien dit sur le sort de ses victimes disparues. Une vérité à laquelle les familles de ces “desaparecidos” n’auront pas droit. Gavazzo est tranquillement mort à 82 ans, en gardant ce silence ignoble sur ses exactions.

Santiago “El Bigote” López, attaquant du Villa Española né sur la fin de la dictature, arborait lui pour l’occasion un t-shirt avec le message “Te fuiste sin hablar, cobarde”, soit “T’es parti sans parler, lâche”. Manière de ne pas laisser, même 35 ans après, les tortionnaires mourir complètement en paix. Des prises de positions qui s’inscrivent dans la continuité des valeurs sociales défendues par le club qui a édité un maillot spécial en mai dernier, à l’occasion de la “Marcha del Silencio”, rendant hommage aux disparus sous la dictature.

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