La communication patriotique des joueurs n’immunise pas l’Équipe de France contre les polémiques de l’extrême-droite. La campagne électorale pour les Régionales bat son plein et l’extrême-droite compte bien instrumentaliser la moindre situation qui lui permettra d’actionner le levier identitaire.
L’Équipe de France se retrouve malgré elle prise dans l’étau de la campagne des élections Régionales, et plus largement l’opposition entre les libéraux macronistes et les identitaires lepenistes. Avant de se raviser, et comme l’avait confirmé Hugo Lloris en conférence de presse, les Bleus avaient collectivement décidé de mettre un genou à terre, avant le coup d’envoi leur match de l’Euro 2021 face à l’Allemagne, pour marquer leur opposition aux discriminations racistes, à l’instar des équipes nationales de Belgique et d’Angleterre. Un geste qui ne mange pas de pain, mais qui pourtant crée une polémique disproportionnée. Elle est orchestrée par une partie de la droite ultra-conservatrice et l’extrême-droite qui, après être montée au créneau suite au retour de Benzema et suite à la chanson de Youssoupha, continue de se faire les dents sur l’Equipe de France.
Cette polémique résulte du climat sécuritaire à l’œuvre dont une des principales expressions est l’intense lobbying des syndicats de police pour neutraliser toute opposition à leurs exactions. En écho aux jérémiades des politiciens d’extrême-droite, ils crient à la manifestation hostile à la police sous prétexte que ce geste ait été reprise par le mouvement américain Black Lives Matter suite à l’assassinat de George Floyd à Minneapolis le 25 mai 2020.
La “fierté d’être français” affichée par les joueurs ne suffit pas à l’extrême-droite
Depuis la première fois où le quaterback Colin Kaepernick a gardé un genou à terre durant l’hymne national pour protester contre le racisme visant les afro-américains aux États-Unis, ce geste a beaucoup voyagé au point d’être repris par plusieurs footballeurs. Ça a notamment été le cas en Ligue des Champions lors de la rencontre entre le PSG et Basaksehir, au lendemain du dérapage raciste du quatrième arbitre qui avait provoqué l’annulation du match à la demande des joueurs.
Dans un monde du football où les joueurs sont assignés à une neutralité politique étouffante, cet acte anti-raciste symbolique divise aujourd’hui. En tous cas, l’extrême-droite y a vu une brèche et n’a pas hésité à s’y engouffrer. Et l’Équipe de France en fait les frais. Les manifestations de patriotisme, la communication lissée autour de la fierté d’être français, autour desquelles les Bleus s’étaient bâtis une popularité unanime, semble déjà de l’histoire ancienne face aux offensives des pyromanes de la cause identitaire et de l’impunité policière.
Les joueurs de l’Équipe de France n’ont finalement pas mis de genou à terre. Officiellement, ce serait parce que les joueurs allemands n’auraient pas souhaité le faire. Si c’est une “excuse”, c’est très léger. Certains évoquent aussi l’interruption du protocole par l’arrivée rocambolesque d’un parachutiste aux couleurs de Greenpeace. Même si on peut imaginer qu’il sera dur de le reconnaître, malheureusement le feu de paille allumé par l’extrême-droite a surement joué dans cette marche-arrière. Cela ne reviendrait-il pas à reconnaître avoir cédé à “une partie raciste” de l’opinion?
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