Dans la rue comme dans les stades, Pavlos Fyssas reste un symbole de la lutte contre le fascisme

Le 18 septembre 2013 reste une date tragique dans la mémoire antifasciste grecque. Ce soir-là, Pávlos Fýssas, rappeur connu sous le nom de Killah-P, était poignardé en pleine rue par des néo-nazis du parti Aube Dorée. Depuis, tous les ans, jusque dans les stades, on se rappelle de lui comme d’un symbole international de la lutte antifasciste.

Comme chaque année en Grèce, ce 18 septembre des initiatives ont été organisées pour commémorer le triste anniversaire de la mort de l’antifasciste Pávlos Fýssas. Sa mère Magda était encore en tête de la marche partie de la rue où il a été assassiné il y a huit ans à Keratsini, et où une plaque a depuis été installée en hommage. Ce soir, plusieurs dizaines de néo-nazis armés, pour leur grande majorité membres d’Aube Dorée, lui sont tombés dessus avant de lui assener plusieurs coups de couteau.

Magda Fyssas se recueille devant la plaque érigée en mémoire de son fils. (©Aris Oikonomou / SOOC)

L’an dernier, en octobre 2020, soit sept ans après la mort de Pávlos Fýssas, Aube Dorée a été condamné par la Justice grecque. Le parti avait auparavant, par la voix de son chef Nikos Michaloliakos, revendiqué la responsabilité politique de son assassinat. Épilogue d’un long feuilleton judiciaire qui a abouti à la condamnation de 45 membres du parti néo-nazi dont plusieurs députés, pour appartenance à une “organisation criminelle”, et à celle de Giorgos Roupakias pour le meurtre de Pávlos. A l’extérieur du tribunal, plus de 15 000 personnes avaient exulté à l’énoncé du verdict. Une “victoire” loin d’avoir éradiqué le fascisme et l’ultra nationalisme en Grèce, qui s’est refait une santé ces dernières années sur la question de la Macédoine.

Les tribunes du pays au rendez-vous

C’est aussi ça que rappelle chaque 18 septembre. Le fascisme n’est pas mort. Le visage de Killah-P rappelle que la violence fasciste et néo-nazie, en Grèce et au-delà, se combat à chaque instant et dans la rue. C’est aussi dans ce sens que sa mémoire est régulièrement honorée, sur les réseaux, dans la rue ou encore dans les stades. Et pas seulement parce que Pávlos était fan de l’Olympiakos, en plus d’être un syndicaliste et un militant antifasciste chevronné.

Ce qui, vu de l’extérieur, peut d’ailleurs paraître paradoxal car les tribunes du club du Pirée sont réputées pour être des repaires nationalistes, particulièrement la Gate 7. Alors que l’ensemble des tribunes du pays lui avait rendu hommage, la Gate 7 d’Olympiakos s’est distinguée comme étant la seule à ne l’avoir pas fait, invoquant l’apolitisme pour mieux masquer sa proximité avec l’extrême-droite grecque.

Dans les autres stades du pays, on ne compte plus les banderoles qui ont été déployées. L’édito du n°14 de la revue Humba, consacré à Pávlos Fýssas quelques mois après sa mort, rappelait que ce type de prise de position des groupes de supporters dans les stades grecs n’était pas une première et s’inscrivait dans la continuité des mobilisations nées après l’assassinat par la police du jeune Alexis Grigoropoulos en décembre 2008, puis contre les mesures d’austérité et la police en 2010. “Le réflexe antifasciste des supporters a été immédiat” souligne Humba se félicitant de cette ligne tout en reconnaissant qu’il y avait encore du chemin à faire face à la dérive mafieuse gangrénant plusieurs tribunes du pays.

Parmi les nombreuses banderoles déployées dans les stades, certaines sont mythiques et réapparaissent régulièrement sur les réseaux, comme celle sortie par les Super 3 d’Aris, club de Thessalonique, sur laquelle on peut lire “On jouera au ballon avec la tête des nazis“. Dans la même veine, celle des ultras de la Gate 10 d’Iraklis, toujours à Thessalonique, faisait référence aux deux militants d’Aube Dorée exécutés en représailles quelques semaines après le 18 septembre: Pour Pavlos Fyssas, deux ne suffisent pas, tous les fascistes à la morgue“. Huit ans plus tard, une certitude, il n’y aura ni oubli, ni pardon.

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