L’ouverture aux fonds d’investissement rejetée par l’assemblée des clubs allemands

Défaite cuisante pour la direction de la DFL qui défendait bec et ongles l’entrée d’un fonds de capital-investissement dans la filiale appelée à gérer les droits de diffusion, nationaux et internationaux, de la Bundesliga. Elle n’a pas obtenu la majorité des deux tiers nécessaire.

Réunis à Francfort ce 24 mai, les clubs de première et deuxième division ont refusé l’entrée d’un investisseur au sein la Deutsche Fußball Liga (DFL) via sa future filiale “MediaCo GmbH & KGaA” chargée de la commercialisation des droits de diffusion. En échange de 12,5% des recettes, la DFL aurait perçu de ce fonds d’investissement une somme de 2 milliards d’euros avec un versement étalé sur cinq ans. Les résistances à ce type de manœuvres restent solides.

Sur les 36 clubs composant l’assemblée, 24 voix étaient nécessaires pour que cet accord prennent forme et fasse basculer la Bundesliga vers un nouveau modèle financier. Le vote s’est soldé par 20 voix pour, 11 voix contre et cinq abstentions. “Das ist Demokratie”, a fatalement concédé Hans-Joachim Watzke, président du Borussia Dortmund et de la DFL. La défaite est réelle pour les partisans de ce changement paradigme, néanmoins majoritaires.

La mobilisation des fans a payé

Outre Watzke, Axel Hellmann (Eintracht Francfort) et Oliver Leki (SC Fribourg), directeurs généraux intérimaires de la DFL, avaient mené campagne en amont pour obtenir une large approbation. Ils vont devoir ranger leur projet dans un tiroir, au moins pour un certain temps, et prendre acte du refus de la financiarisation du football allemand. La forte mobilisation des supporters a sans aucun doute pesé dans la décision de plusieurs clubs. On ne compte plus les banderoles déployées dans les tribunes de 1ère et 2e division.

En plus de la forte opposition des supporters exprimée par de nombreuses banderoles dans les tribunes, des voix dissidentes s’étaient faites entendre du côté de certains clubs. Oke Göttlich, président de St. Pauli, Göttlich avait notamment évoqué sa crainte de voir ce deal ne devenir “le moment le plus clivant de l’histoire de la Bundesliga”. La direction du FC Cologne reprochait quant à elle au groupe de travail de la DFL de ne pas avoir exploré d’autres pistes comme celle d’un crédit bancaire. Pas sûr que l’hypothèse d’un endettement auprès des banques ne soit du goût des supporters.

Pour eux, la question n’est pas de savoir si l’éventuelle arrivée d’investisseurs est une bonne affaire ou non. Il s’agit plutôt de souligner le caractère irréversible que ce type de manœuvre peut engendrer pour l’avenir des clubs allemands. Watzke et consorts n’ont pas marché sur des œufs par hasard. Conscients de prendre un virage culturel à 180°, ils sont restés volontairement évasifs sur les détails de l’opération et sur la marge de manœuvre accordée au futur investisseur. Une des craintes majeures était de voir le futur investisseur pouvoir influer sur le calendrier des matchs.

Le football allemand préservé, jusqu’à quand?

Axel Hellmann prétendait faire de cette question une “ligne rouge” mais document confidentiel qui a fuité dans les médias prouvait l’existence d’un droit de veto pour l’investisseur au sein “MediaCo GmbH & KGaA”. Personne n’était suffisamment naïf pour imaginer qu’un investisseur mettant une somme aussi importante sur la table allait se contenter d’un rôle de spectateur et ne pas chercher à “protéger et augmenter activement le rendement de son investissement” comme mettait en garde le comité directeur du FC Cologne dans une lettre ouverte.

La menace, qui ne date pas d’aujourd’hui, des fonds d’investissement sur la Bundesliga est temporairement mise à distance. Même si on imagine que les cavaliers du foot business vont revenir à la charge d’une manière ou d’une autre, cette victoire est celle d’un football qui reste attaché à ses fondements associatifs et qui se distingue de ses voisins par quelques garde-fous comme la règle du “50+1”. La victoire d’une vision durable sur le court-termisme du football moderne.

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