Rétrogradé en National par la DNCG, l’avenir du club bordelais s’est encore plus assombri. Avec un appel à la mobilisation générale pour sauver le club, les supporters s’affirment comme l’âme du club et les réels garants d’un éventuel maintien en Ligue 2.
Il y a un peu plus d’un an, le samedi 24 avril 2021, les Ultramarines – groupe ultra’ historique fondé en 1987 – appelaient le peuple girondin à se mobiliser en masse. C’était déjà pour sauver le club. Le pronostic vital du club – pour reprendre les mots des UB87 – était engagé. Le fonds d’investissement américain King Street, actionnaire majoritaire depuis 2019, venait d’annoncer son désengagement et le club d’être placé sous la “protection” du tribunal de commerce.
Ce jour-là, les supporters réclamaient en même temps la démission de Frédéric Longuépée, probablement le président le plus contesté et détesté de l’histoire des Girondins de Bordeaux, lui qui n’a cessé de bafouer l’identité et les valeurs du club. La menace d’un redressement judiciaire, et donc d’un retour par le monde amateur, était tellement redoutée que la reprise du club par le controversé Gérard Lopez en juillet 2021, avait été vécue comme un immense soulagement pour beaucoup de fans girondins, Ultramarines compris. Probablement usés par plusieurs années de lutte contre Longuépée and co, jalonnées de manifestations directement au Haillan, les amoureux des Girondins ont voulu rêvé à une nouvelle ère.
“Marche de la survie”
Mais l’arrivée du côté du Haillan d’un personnage aussi peu fiable et qui incarne les dérives spéculatives et court-termistes d’un football “à crédit” n’augurait vraiment rien de bon. L’homme d’affaire luxembourgeois, déjà président du Boavista, venait d’être débarqué quelques mois plus tôt du LOSC en raison de la dette imposante qu’il avait laissé. Et son nom est associé à la faillite du Royal Excel de Mouscron en Belgique, moins de deux ans après l’avoir racheté. Pas vraiment le profil idéal pour remettre le FC Girondins de Bordeaux sur de bons rails après les années Longuépée et les dégâts successifs causés par GACP et King Street.
Un an à peine après l’officialisation de la reprise par Gérard Lopez, bis repetita. Le ton est le même. Dans leur communiqué, les Ultramarines évoquent une “Marche de la survie”, ce samedi 9 juillet au départ de la place Pey-Berland. La seule chose qui a changé: la direction est épargnée. Gérard Lopez passe entre les gouttes des critiques. L’union sacrée, invoquée au moment du sprint final quand tout était mathématiquement jouable pour se maintenir en L1, reste de mise. Les ultras appellent à réunir la grande famille girondine. “Mettons de côté nos divergences, nos différences de lecture. Notre colère que nous pouvons parfois nourrir les uns envers les autres.”
Comme Nice en 2002… ou comme Strasbourg en 2011?
On peut se poser des questions sur cette étonnante complaisance. Les ultramarines sont-ils pris au piège de la relation quasi amicale qui s’est nouée entre certaines figures du Virage Sud et le businessman? Après la pire saison sportive du club Gérard Lopez a toujours son auréole de “sauveur” solidement vissée au-dessus de la tête. Il était le seul nous dit-on, à pouvoir éviter au club la perte de son statut professionnel. Mais à quel prix? Et, surtout, pour combien de temps? Si la DNCG a retoqué le dossier des Girondins pour la L2, c’est que Lopez n’est pas en mesure d’apporter des garanties financières suffisamment solides.
Il prétendait pourtant préparer le club à la L2. La seule chose qui semble être programmée, c’est le plan social qui mettra sur le carreau des dizaines de salariés. On évoque même avec de plus en plus de réalité un départ en National 3, où évolue la réserve. Ce qui serait un drame pour cet imposant morceau du patrimoine du football français. Plus de 140 ans d’histoire, des titres et des campagnes européennes mémorables. Tout cet héritage “ne peut pas s’éteindre”, exhortent les ultras qui veulent croire à un scénario semblable à celui qu’avait connu l’OGC Nice en 2002, dont la montée en L1 avait été initialement invalidée par la DNCG. Le jugement avait été révisé par la FFF, après un avis favorable du CNOSF et surtout une incroyable mobilisation populaire derrière les Aiglons.
Les conditions sont bien différentes aujourd’hui. Les garanties financières à apporter sont d’un tout autre acabit et la spirale négative des Bordelais n’a rien à voir avec l’engouement qui entourait la dynamique ascendante des Niçois en 2002. Paradoxalement, l’espoir des Girondins est peut-être à chercher du côté de l’exemple du RC Strasbourg qui a fait faillite en 2011, avant d’être repris en 4e division par Marc Keller, un ancien joueur du club, et repartir sur des bases saines. Dans tous les cas, les supporters bordelais, véritable âme du club, auront leur rôle à jouer. Mais quelque soit le chemin qui sera pris, sans rupture franche avec Gérard Lopez et ses manœuvres qui mènent le club dans le mur, les chances du FC Girondins de Bordeaux de retrouver son rang sont minces.
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