Union sacrée au sommet du football européen pour une reprise des championnats. C’est ce qu’ont rappelé l’UEFA, la puissante European Club Association (ECA) et l’European Leagues dans un courrier commun. Une communication qui adresse surtout une sérieuse mise en garde à ceux qui entendraient déclarer la fin de la saison.
Ceux qui espèrent que la crise actuelle produise une moralisation du monde du football vont être déçus. La bourgeoisie du football ne se débarrassera de ses vieux démons comme ça, et surout pas du sens de ses intérêts. Depuis plusieurs jours, au sommet du football européens les violons se sont accordés. La priorité est à la reprise et au bouclage des compétitions domestiques, coûte que coûte. La Premier League envisagerait même prête d’organiser la fin de la saison dans des “camps de base” où les joueurs resteraient en quarantaine. Avec les mesures prises de report de l’Euro 2020, des finales européennes et des matchs internationaux, L’UEFA considère avoir réuni les conditions pour permettre aux différents championnats nationaux d’aller à leur terme. L’idée de repousser la fin de la saison et de jouer durant l’été – la deadline du 3 août a été évoquée – est aujourd’hui acquise.
Des clubs ne veulent pas reprendre
Mais il est des endroits où cette option ne fait pas l’unanimité. Loin de là. Plusieurs clubs de Série A en Italie se sont prononcés en faveur d’une fin de saison, ne voyant pas comment reprendre le football dans ces délais est moralement tenable. Devant l’émotion suscitée par les ravages du coronavirus dans la péninsule, des clubs comme Brescia ont même menacé de ne pas aligner leur équipe en cas de reprise forcée, « par respect pour les citoyens de Brescia et leurs proches qui ne sont plus là ». En Belgique le Conseil d’Administration de la Pro League a préconisé un arrêt définitif de la saison (en vu de l’Assemblée Générale qui doit prendre la décision finale le 15 avril prochain). Même son de cloche aux Pays-Bas où plusieurs clubs majeurs (Ajax, PSV et AZ Alkmaar) privilégiant la vie humaine. « Pourquoi la question de l’argent primerait sur celle de la santé des gens à l’heure actuelle ? J’aurais espéré que la fédération (KNVB) prennent une décision indépendante, mais elle se cache derrière l’UEFA à présent » a déclaré mercredi le directeur sportif de l’Ajax Amsterdam, Marc Overmars.
Le bras de fer entre ces quelques clubs et les différentes instances qui gouvernent le footbal européen apparaît des plus déséquilibrés. Dans un courrier commun, Alexander Ceferin (président de l’UEFA), du patron de la Juventus Andrea Agnelli (président de l’ECA) et Lars-Christer Olsson (président d’European Leagues), ont sérieusement mis en garde ceux qui entendraient décider de la fin de leur championnat. Les destinataires de ce courrier menaçant, relayé dans la presse, sont les 55 fédérations qui composent l’UEFA, mais aussi les différentes Ligues professionnelles.
Menace d’exclusion des coupes d’Europe
Les signataires rappellent dans ce courrier leur entière confiance en un redémarrage des compétitions « dans les mois à venir », et juge que « toute décision d’abandonner est, à ce stade, prématuré et non justifié ». Ils précisent aussi qu’un calendrier coordonné devrait être proposé d’ici mi-mai par le groupe de travail en charge de cette question à l’UEFA. Mais derrière ce ton rassurant, la menace ferme d’une exclusion des prochaines compétitions européennes est aussi explicitement adressée aux clubs et aux ligues qui ne se plieraient pas à cette injonction à terminer la saison en cours.
La presse belge en a rapporté la teneur : « Vu que la participation aux Coupes d’Europe est déterminée par les résultats obtenus au terme d’une saison complète, une fin de saison prématurée laisserait planer un doute sur la réalisation de cette condition. L’UEFA se réserve le droit d’autoriser des clubs aux compétitions européennes de la saison 2020/21, en se basant sur les règlements en vigueur. »
Le bâton est dans les mains des Ceferin, des Agnelli, des Olsson et compagnie. Le même Ceferin qui déclare que le football ne sera plus comme avant. Le genre de phrase qui peut être interprétée de mille manières. Mais est-il bien raisonnable d’espérer qu’une transformation radicale du football vienne de ceux qui le gouvernent?
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