Si vous voulez un cas-type de criminalisation des ultras, la situation nîmoise a le mérite d’être limpide. Rani Assaf, président du Nîmes Olympique, a déclaré la guerre aux Gladiators Nîmes 1991 (GN91), situés en Pesage Est, tribune populaire du stade des Costières. Clôture de la billeterie, dispositif de sécurité renforcé, la réception de l’OM ce vendredi 28 février a été une nouvelle fois l’occasion pour les dirigeants de mettre la pression sur les ultras du club.
Un conflit larvé oppose depuis plusieurs semaines la direction du club nîmois aux ultras. A l’occasion d’un match à Marseille le 21 décembre dernier, les supporters nîmoi avaient subi des violences policières, à coups de grenades lacrymogènes, sur une aire d’autoroute. Les ultras avaient alors dénoncé le silence assourdissant des dirigeants du Nîmes Olympique et leur absence de solidarité. Un silence qui n’est que le reflet du mépris de la direction pour les supporters du club, et plus particulièrement pour les GN91. Ce vendredi soir aux Costières, la tension est encore montée d’un cran, et les supporters nîmois ont une nouvelle eu à essuyer les gazages lacrymogènes des policiers.
Dérive autoritaire et répressive
L’avant-match ne laissait pas de doute sur la rupture. Une banderole destinée à Rani Assaf, “R.A ta répression n’arrêtera pas notre passion”, a été déployée en Pesage Est. La cause réelle de ce conflit, nous l’expliquions précedemment. Fâché des sanctions financières infligées par la Commission de discipline de la Ligue de Football Professionnelle (LFP), Rani Assaf reproche aux ultras l’utilisation de fumigènes. L’heure n’est plus au dialogue. Il y a quinze jours, les GN91 publiaient un communiqué en forme de mise au point, annonçant leur détermination à ne pas se laisser mettre à l’amende par la direction du club.
Comme d’autres présidents de club avant lui, Rani Assaf a adopté une posture répressive et autoritaire. Outre plusieurs plaintes nominatives et interdictions de stade dites “commerciales” distribuées par le club à l’encontre de supporters (pratique permise depuis la Loi Larrivé de 2016), la direction nîmoise a multiplié les provocations et les mesures mesquines contre le Pesage Est.
Lors de la réception d’Angers, elle avait déjà fait fermé la billeterie retirant 400 places de la vente. Pour le match face à l’OM, rebelote, mais le club a habilement fait don de ces places à “une oeuvre caritative”. L’idée est la même, priver la tribune populaire d’une partie de ses habitués et affaiblir sa ferveur. Derrière ces basses manoeuvres, ce sont les GN91 qui sont ciblés.
Une quinzaine de fumigènes, échec de la “sécurité renforcée”
Pour le match face à l’OM, la direction avait mis en place un dispositif de sécurité renforcé et un protocole de fouille zélé à l’entrée du Pesage Est. En plus des stadiers, les CRS étaient présent en nombre, accompagnés de chiens renifleurs. Un encadrement policier digne d’un match classé “à haut risque” par la préfecture, et une volonté manifeste d’intimider et de mettre la pression sur les supporters du Pesage. Même chose à l’issue du match, où la sortie a été “filtrée” par les CRS. Ce qui généré une file d’attente de 45 minutes selon La Gazette de Nîmes.
Maigre satisfaction dans ces temps de répression, une quinzaine de fumigènes ont pu passer et être craqués en début de match, mettant en échec la stratégie d’Assaf. Le principal effet de ce dispositif aura donc été de retarder considérablement l’accès à la tribune pour plusieurs dizaines de supporters. Dans une ambiance tendue, des échauffourées ont éclaté avec la police qui a fait usage de gaz lacrymogènes et interpellé deux supporters gardois à l’issue du match. Cher payé pour un climat de tension créé de toutes pièces par la direction qui n’a jamais aussi bien incarné le proverbe “Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage”.
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