Mise au point des Gladiators Nîmes: “Jamais nous ne nous inclinerons face à vous!”

"OM-NO: Un pesage enflammé pour une direction éteinte". Les GN91 réagissent au silence des dirigeants après les violences policières subies à Marseille en décembre. (Nîmes-Reims | 11.01.2020 | ©Colin Delprat)

Le torchon brûle entre les ultras nîmois et le président Rani Assaf. Malgré une saison compliquée sur le plan sportif, la direction du club a cru bon de déclarer la guerre à ses supporters en prononçant de nouvelles interdictions de stade à leur encontre. Une attaque qui a poussé les Gladiators Nîmes 1991 (GN91) à publier une mise au point musclée sur la situation.

Sachez M. Assaf et toute la direction que jamais nous ne nous inclinerons face à vous. Nous étions là avant vous, nous serons là après vous, le Nîmes Olympique c’est nous, supporters!“. Voilà comment les Gladiators concluent leur communiqué, publié quelques heures avant le match aux Costières face à Angers pour le compte de la 25e journée d’un championnat de Ligue 1 où les Crocos sont lancés à fond dans la course au maintien.

Situés en Pesage Est, le principal groupe ultra’ est clair, il ne cèdera devant aucune intimidation de la part de la direction du club à qui il reproche un certain nombre de choses, notamment l’annulation des abonnements de plusieurs membres de la tribune. Mais aussi les plaintes nominatives (avec les potentielles interdictions de stades qui en découlent), les fouilles poussées à l’entrée du stade, les prises d’identité illégales, ainsi que l’absence de solidarité manifestée par la direction après les violences policières subies par les supporters nîmois lors du déplacement à Marseille au mois de décembre.

Face à l’arbitraire des interdictions “commerciales”

Le club gardois pense ainsi faire payer aux ultras leurs utilisations répétées de fumigènes. Ancrés dans la culture ultra’, les craquages de fumis sont des éléments incontournables de l’animation des tribunes. Mais généralement, les clubs n’aiment pas ça car ils se voient sanctionnés d’amendes plus ou moins salées par la commission de discipline de la LFP les sanctionnent. Ces sanctions financières génèrent des tensions, et les clubs ont de plus en plus tendance à durcir le ton contre les ultras. D’ailleurs, depuis la loi Larrivé de 2016, les clubs sont habilités à ficher leurs propres supporters et à procéder à des interdictions de stade, dites “commerciales”. Celles-ci prennent la forme de suspensions nominatives d’abonnement ou de refus nominatifs de se voir délivrer des places, conformément au fameux article L. 332-1 du code du sport.

Exemple d’interdiction commerciale, avec annulation d’abonnement jusqu’à la fin de la saison, reçue par un membre de la tribune. La raison invoquée est l’usage d’engins pyrotechniques cinq jours plus tôt, lors de Nîmes-Dijon. (©GN91)

Cette répression “commerciale” est complémentaire des interdictions administratives (IAS), distribuées par les préfets, et des interdictions judiciaires (IDS), décidées par les juges. En ouvrant cette nouvelle fenêtre répressive, la loi Larrivé octroie ainsi aux clubs la possibilité de régler, souvent arbitrairement, leurs comptes avec les supporters en cas de climat conflictuel, comme c’est le cas aujourd’hui à Nîmes.

La bataille menée en coulisses par Assaf et ses bras droits contre les ultras ne date pas d’hier. Si la situation semble atteindre un pic de tension ces derniers temps, les Gladiators se sont déjà opposés à Rani Assaf par le passé. En 2017, dès sa deuxième saison à la tête d’un club encore secoué par l’affaire des matchs truqués de la saison 2013/14, le dirigeant de Free avait cru bon de changer complétement le blason qui identifiait le club depuis 1970! Face à la fronde et la menace d’un boycott de la campagne d’abonnement, la direction avait fait marche arrière et proposé un nouveau blason dès la saison suivante. Mais dèjà Assaf avait prétendu pouvoir se passer des ultras. “Si les GN ne viennent plus au stade, ça nous fera du boulot en moins et surtout beaucoup d’économies d’argent.” avait-il alors écrit dans un message directement posté sur un forum des supporters nîmois.

Une rhétorique qu’on retrouve dans les propos récents d’Assaf rapportés par les Gladiators dans leur communiqué. Face aux tentatives du groupe ultra’ de trouver un compromis quant à l’usage de fumigènes en Pesage Est, le président nîmois aurait rétorqué “ça ne me dérange pas de fermer la tribune“, ajoutant que le club n’avait pas besoin des ultras. Joignant le geste à la parole, la billeterie en Pesage Est n’a pas été ouverte pour la réception d’Angers. Ce sont plus de 400 places qui n’ont pas été mises en vente. Preuve de dialogue rompu et de guerre ouverte. Dans une période où les joueurs ont plus que besoin de la ferveur du Pesage Est pour les pousser, il fallait oser. Le but d’Assaf? Montrer qu’il peut se passer des ultras.

Pacifier les tribunes en prévision du nouveau stade?

Face à la fermeture et à la raideur de la direction, le communiqué des GN91 ne manque d’ailleurs pas d’égratigner, sans le nommer, Laurent Tourreau. Ancien membre du groupe, propulsé il y a deux ans numéro 2 du club en étant nommé directeur des opérations par Rani Assaf. Une présence qui aurait pu ou du faciliter le dialogue selon les Gladiators qui prennent acte qu’il n’en est rien. Jusqu’à preuve du contraire, Tourreau s’est rangé derrière la ligne présidentielle qui est de mettre au pas les supporters les plus fervents.

Comme dans tous conflits entre les clubs et leurs supporters jugés un peu trop turbulents, ce qui s’exprime est l’intérêt économique qu’on les dirigeants à pacifier les tribunes. La passion se heurte au business plan. Celui de Rani Assaf se dessine avec précision. Après avoir racheté l’été dernier le Stade des Costières à la municipalité, il prépare une opération immobilière d’envergure avec son projet nommé “Nemausus”. Un investissement de 230 millions d’euros impliquant la destruction de l’actuel stade pour en reconstruire un flambant neuf prévu pour 2023, avec une capacité limitée à 15 100 places (contre 18 500 actuellement aux Costières), avec complexe hôtelier, bureaux, résidences. Un projet qui ne convainc que moyennement les supporters. Le 30 novembre dernier, lors du match face à Metz (15e journée), les ultras avaient déployé une banderole: “Rani, un nouveau stade c’est bien… En D1 c’est mieux!”

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