Créé à l’initiative de supporters de l’historique UD Salamanca, disparue en 2013, Unionistas de Salamanca CF s’évertue à remettre la ville sur la carte du football espagnol. Avec son modèle d’actionnariat populaire, il est aujourd’hui aux portes du monde professionnel.
En éliminant Villarreal en 1/16 de finale de la Copa del Rey, Unionistas a réalisé le plus gros exploit de sa jeune histoire, un peu plus de dix ans après sa fondation. Petit Poucet de la compétition, il recevra en 1/8 de finale le grand FC Barcelone dont il côtoie l’équipe réserve en championnat de Primera RFEF, troisième niveau du football espagnol. Unionistas y évolue depuis quatre saisons . A coups sûrs, les Charros s’avanceront avec un peu plus d’expérience que pour leur 1/16 de finale perdu avec les honneurs face au grand Real (1-3), après avoir sorti le Deportivo La Corogne lors de la Copa del Rey 2019/20.
Cette épopée avait permis une première fois au club d’actionnariat populaire de se mesurer à un monument du football moderne. « Cela nous a mis en vitrine. Nous sommes désormais connus dans toute l’Espagne et nous sommes très heureux de porter le message du football populaire à ce niveau. C’était une très bonne occasion de montrer qu’un autre football est possible », déclarait un membre de l’équipe dirigeante au média AS en 2021. L’occasion de mettre en avant son éthique. Depuis 2019, les socios ont décidé à l’unanimité de ne nouer aucun partenariat avec des entreprises liées aux paris sportifs ou à l’industrie du sexe.
En mémoire de l’UDS
Unionistas de Salamanca Club de Fútbol est un des fers de lance du mouvement du fútbol popular, regroupant une vingtaine d’équipes gérées démocratiquement par leurs supporters. C’est la faillite de l’Unión Deportiva Salamanca en 2013 qui va plonger ses fans dans l’obligation de réagir. Confrontés à la fin d’une histoire de 90 ans, ils s’organisent au sein de la “Plataforma de Aficionados Unionistas” pour tenter de sauver l’UDS, en vain. L’option suivante sera la création d’un club, par les supporters et pour les supporters.
Unionistas CF, officiellement créé le 26 août 2013, a façonné son projet sur l’engagement à faire vivre la mémoire de l’UDS “sans se faire passer pour elle, ni comme son héritier ou son représentant”. Le logo du nouveau club lui rend hommage avec la mention “In memoriam UDS 1923-2013”. Le club compte près de 4900 socios, présents dans une quarantaine de pays. L’humilité d’Unionistas et sa ligne directrice respectueuse de l’histoire du football local séduisent. Aux antipodes de la vision portée par l’autre club de la ville: le CF Salamanca UDS (qui évolue cette saison en Tercera Federación, la 5e division), propriété d’un businessman mexicain.
“Par des chemins ardus jusqu’aux étoiles”
Pourtant parti depuis la plus basse des divisions, Unionistas est depuis la saison 2021/22, le meilleur club de la ville. Sa popularité a encore pu se mesurer lorsque la mairie de Salamanque, propriétaire du stade Reina Sofia, lui refusait la pose d’une pelouse naturelle,exigée par la Fédération espagnole pour pouvoir s’aligner en championnat de Primera RFEF. Alors que ce point de blocage mettait clairement l’avenir sportif du club en péril, la mobilisation des supporters a permis de récolter en quelques jours les 300 000 euros nécessaires au remplacement du gazon synthétique.
L’expression latine “Per aspera ad astra” (“Par des chemins ardus jusqu’aux étoiles”) qui orne aussi son écusson, illustre bien la trajectoire du club qui a monté progressivement tous les échelons. Dans un football meurtri par le capitalisme et la spéculation, son refus de l’endettement l’oblige à mobiliser d’autres valeurs que celles des emprunts incertains. Dans sa quête étoilée, Unionistas n’a pas choisi le chemin le plus simple, mais il a assurément pris le plus digne.
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