Fútbol popular vs football bourgeois: Unionistas-Barça en Coupe du Roi

Unionistas de Salamanca reçoit le Barça dans le petit stade Reina Sofia en 1/8 de finale de Copa del Rey. Un match historique pour le club d’actionnariat populaire, mais aussi l’occasion de confronter sur le terrain les valeurs du football populaire à une des plus grosses machines du football moderne.

Dès que le tirage au sort a attribué le grand FC Barcelone à Unionistas, la ville de Salamanque a lentement commencé à entrer en ébullition. Pas question pour autant de négliger le match de championnat face au Real Majadahonda, intercalé entre les deux tours de Copa del Rey. Dani Ponz, coach d’Unionistas, avait interdit de penser au Barça. «Le match le plus important pour nous est celui contre Majadahonda, cela ne fait aucun doute», avait-il averti, conscient aussi que la meilleure manière de préparer la venue du géant catalan, pour les joueurs comme pour les supporters, était de l’emporter en championnat.

Le match face au Barça est la plus grosse affiche de la jeune histoire du club. Il s’agira d’un nouveau temps fort pour le club charro après avoir déjà reçu le Real Madrid en 2020. C’était un 1/16 de finale, à “Las Pistas”, le terrain annexe de l’Helmántico. Les Merengues emmenés par Benzema, Vinicius et Bale s’étaient difficilement imposés 3 buts à 1. Cette fois-ci, Unionistas se présentera avec plus d’expériences et fera moins de complexes face aux stars de la Liga. Le club de Salamanque croit dur en ses chances. Après avoir éliminé le Sporting Gijón et Villarreal, il aurait tord d’adopter une autre posture.

Derrière l’opposition asymétrique de ce 1/8 de finale de Copa del Rey, c’est le fútbol popular qui défie le football moderne et les cascades d’argent qu’il brasse. Le Barça vient d’empocher 7 millions d’euros pour sa participation à la Supercoupe d’Espagne, disputée en Arabie Saoudite. Ce qui équivaut peu ou prou à cinq fois le budget d’Unionistas (environ 1,3 millions d’euros pour l’équipe première). Le gouffre entre les deux clubs n’est pas qu’une question de budget, c’est aussi une question de valeurs. Même si le Barça est aussi un club où les socios votent, les deux systèmes démocratiques ne sont pas comparables.

“Unionistas jusqu’à ma mort”

D’un côté le club catalan est une “démocratie bourgeoise”, endettée et dont le nom est associée à “l’affaire Negreira”. Un scandale de corruption d’arbitres mise en lumière par le versement de 7,3 millions d’euros entre 2001 et 2018 à l’ancien responsable de l’arbitrage espagnol. De l’autre, soutenu par 125 entreprises locales partenaires, Unionistas de Salamanca est la propriété de ses membres et s’appuie sur les valeurs plus égalitaires du fútbol popular, portées par un actionnariat populaire et un fonctionnement démocratique basé sur le principe “un membre, une voix”. Comme les supporters le chantent dans les tribunes, “Unionistas es de todos y no de un millonario” (“Unionistas appartient à tous et pas à un millionnaire”).

A titre d’exemple, la pelouse que vont fouler les joueurs du Barça a été acquise grâce à la seule force de la mobilisation des supporters qui avaient récolté les 300.000 euros nécessaires. Il s’agissait de répondre aux normes imposées par la fédération (RFEF) pour pouvoir évoluer en troisième division, et la municipalité de Salamanque, propriétaire du stade, refusait de prendre en charge le coût des travaux. On comprend l’attachement du club au Reina Sofia, qui sera évidemment, plein à craquer avec un peu plus de 5000 billets vendus.

Le grand stade de Salamanque est le Stade Helmántico, dont le propriétaire et résident est le rival du Salamanca UDS. Un club bâti sur le modèle d’une société anonyme, avec des capitaux mexicains. C’est à l’Helmántico que le Barça est venu pour la première fois jouer à Salamanque, le 9 mars 1975 face à l’UDS. Rinus Michels était sur le banc des Blaugranas. Mais Unionistas écrit sa propre histoire et ce 18 janvier restera comme la première fois où le FC Barcelone aura joué au Reina Sofia. Les supporters chanteront sûrement: “On me demande dans la rue si je suis pour le Barça ou pour le Real. Je lève la tête fièrement et répond: je serai pour Unionistas jusqu’à ma mort”.

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