Un mépris conjugué des supporters et de la Coupe de France

PFC-Valenciennes en 1/32 de finale le 3 janvier dernier (©Loic Baratoux/Icon Sport)

Compétition populaire par excellence, moment passionné de confrontation entre professionnels et amateurs, la Coupe de France, par ses programmations absurdes n’est-elle pas en train de se détacher des fans? Illustration d’un football qui privilégie toujours plus la diffusion télévisée au remplissage des stades.

Ce mercredi 8 février, vont se jouer sept des huit rencontres des 1/8 de finale de la Coupe de France. Six de ces matchs va avoir lieu à 18h15. Un horaire qui, en semaine, ne permet pas à de nombreux supporters de se rendre au stade. Ce n’est pas faute de l’avoir répété. Si les groupes de supporters de National et de Ligue 2 sont engagés de longue date dans le combat contre les matchs en semaine et les horaires indécents, ceux de Ligue 1 les y ont rejoint à la faveur d’un calendrier complètement inadapté au retour du Mondial 2022.

Les Indians / NVDRS 93 de Toulouse (qui reçoit Reims au Stadium) ont remis une pièce dans la machine. Si le groupe comprend la programmation en semaine, l’horaire injustifié ne passe pas. “La FFF et les diffuseurs sont les premiers à vendre la Coupe de France comme une compétition populaire. Drôle de façon de remercier le peuple du stade en plaçant le match à une heure où de nombreux supporters sortent à peine du travail ou des cours. […] La fête sera gâchée pour une partie des supporters qui manqueront tout le match ou au moins une partie.” Pour protester symboliquement, le groupe a appelé à venir au stade “en tenue de travail“.

Même si on se met du côté des téléspectateurs, le bât blesse avec la retransmission des six matchs de 18h15 accaparée par BeIn Sports, chaîne payante. Seule “l’affiche” OM-PSG aura les faveurs d’une diffusion en clair. A trois tours de la finale, ce traitement laisse songeur. Il renforce un peu plus l’idée que la condition des supporters est le cadet des soucis des diffuseurs et des instances. Tout le monde l’a compris. Mais on peut aussi poser la question du manque de respect pour cette compétition légendaire qu’est la Coupe de France, dont l’histoire est aussi celle de la passion populaire.

Les supporters trinquent ou passent à la caisse

L’officialisation de l’arrivée, aux côtés de France Télévision, du diffuseur BeIn Sports en décembre dernier et jusqu’en 2026 ne risque pas de rectifier un tir qui dévie de plus en plus de cette passion au fil des saisons. Son directeur des programmes, Florent Houzot, a essayé de défendre sa boutique dans les colonnes du Parisien. « On est tous dans le même bateau, on partage tous la même passion, donc on ne peut pas opposer clubs, supporters et diffuseurs. On se plaint quand une compétition n’est pas diffusée. […] Je peux comprendre certains griefs des supporters mais on ne peut pas rendre le diffuseur seul responsable de tout… On n’est pas maître des programmations de la LFP et de la FFF.»

Des propos pas vraiment convaincants, à la limite de la mauvaise foi. Instances et diffuseurs avancent main dans la main, dès lors qu’ils y trouvent financièrement leur compte quitte à vider les stades de quelques milliers de supporters. La réalité voit la passion de supporters être, morceau après morceau, sacrifiée par les dirigeants. Les intérêts des tribunes populaires sont en contradiction avec le partenariat économique noué entre instances et diffuseurs. La programmation de ce 1/8 de finale de Coupe de France n’est qu’une image de cette vérité du football moderne encore difficile à inverser: les chaînes de télé s’engraissent, les supporters trinquent quand ils ne passent pas à la caisse.

Édito n°56

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