Aux préfets aussi, les supporters avaient manqué

Pour ce troisième week-end de Ligue 1, les supporters doivent une nouvelle fois faire avec divers arrêtés préfectoraux. Au-delà du front désuni sur la question du Pass Sanitaire, le retour dans les stades est aussi celui des retrouvailles avec le cadre répressif d’avant la pandémie.

Dans L’équipe de ce samedi, le capitaine brestois Brendan Chardonnet confessait “sans eux, je ne suis pas sûr qu’on égalise“. Des mots mis sur l’énergie supplémentaire qu’apporte aux joueurs le retour des supporters dans les stades. Un retour sous le régime du Pass Sanitaire – et ses contrôles d’identité difficilement applicables – présenté comme la condition pour retrouver les tribunes “comme avant”. Seize mois de huis clos ou de jauges minuscules ne doivent pas faire oublier que dans ce “comme avant”, les préfets de police et leurs arrêtés arbitraires – quand ils n’avançaient pas en plus des motifs absurdes ou hypocrites – jouaient déjà un rôle hebdomadaire.

Accent mis sur la pacification et l’aseptisation des abords des stades

A se demander si les préfets n’attendaient pas, avec autant d’impatience que les joueurs et les supporters eux-mêmes, le retour du public dans les stades pour pouvoir dégainer à nouveau leurs arrêtés. Depuis de le début de la saison certains ont vite renoué avec la tradition répressive, avec une attention particulière mise sur la pacification des alentours des stades et l’encadrement resserré des déplacements. Et c’est sans parler de l’obligation du port du masque qui tend à se généraliser, même si elle peine pour l’instant à être appliquée.

Ainsi, rien que pour ce week-end, les abords du Roazhon Park sont interdits à toute personne “se prévalant de la qualité de supporter nantais”, pour le derby face à Rennes où maximum 540 d’entre eux ont été autorisés à prendre place en parcage. Les signes distinctifs – maillots, écharpes – des supporters du Stade de Reims, limités à 150, sont interdits dans tout un périmètre aux abords du Stade Saint-Symphorien de Metz, comme l’ont été ceux du PSG à Brest au début du week-end. On le voit, les restrictions ou interdictions de déplacement sont aussi bien de retour. Les fans de l’OM se voient limités à 450 dans le parcage du stade niçois, après avoir été déjà limités à 300 lors de la 1ère journée. Et cette tendance ne se borne pas à la Ligue 1. En Nationale 2, les supporters toulonnais, interdits de déplacement à Aubagne, en savent quelque chose.

Hier, aujourd’hui, demain: “Liberté pour les ultras!”

La couleuvre du Pass Sanitaire, avalée par certains groupes avec vigilance, n’a en rien préservé d’un retour en force de ces arrêtés préfectoraux qui lui préexistaient. De week-end en week-end, ils symbolisent cette gestion exclusivement policière des supporters qui n’a cessé de s’accentuer ces dernières années, au travers de lois sécuritaires comme la loi anti-terroriste de 2006, ou la LOPPSI 2 adoptée en 2011. Arsenal juridique d’exception et ses dérives légalisées face auxquelles les groupes de supporters n’ont cessé d’alerter et continuent de le faire au nom de la défense des tribunes populaires.

Le retour des supporters dans les stades, c’est aussi le retour de ces vilaines habitudes préfectorales, même si certains chroniqueurs feignent d’en découvrir le caractère abusif. Il faudra faire avec. Mais ces arrêtés, qui n’avaient manqué à personne, ont au moins le mérite de nous rappeler au bon souvenir d’un slogan qui, malgré la longue période de huis clos, n’a pas pris une ride: “Liberté pour les ultras!”

Édito n°34

 

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