La cour d’assises de la Marne a rendu son verdict dans le procès de Christophe Mercier, ce policier de la BAC de Reims, accusé d’avoir éborgné le supporter bastiais après le match Reims-Bastia en 2016. Il a été condamné à deux ans de prison avec sursis.
Après quatre jours d’audience, la cour d’assises de la Marne a reconnu que le fonctionnaire de police était coupable de “violences volontaires avec arme ayant entraîné une mutilation permanente“, et a suivi le réquisitoire du procureur. Deux ans et demi de prison avec sursis auxquels s’ajoute une interdiction de port d’arme de deux ans.
Contacté la veille du procès par L’équipe, Maxime Beux oscillait entre colère et fatalisme. “Ce procès, de toute façon, ne me rendra pas ce que j’ai perdu. Il y aura peu d’impact sur ma vie“. Il s’y est quand même préparé avec une certaine combativité. “Se retrouver aux assises, c’est une première victoire pour mon client. La justice, entre guillemets, a déjà reconnu que Maxime était une victime“, avait confié son avocat.
La version policière contestée
Plus de six ans et demi ont passé depuis cette sinistre soirée du 7 février 2016 qui a vu Maxime Beux être grièvement blessé à coup de matraque télescopique par Christophe Mercier, suite à des incidents impliquant des supporters du Sporting Club de Bastia pris en chasse par la police dans le centre-ville de Reims. Le supporter corse, qui évoque “une douleur indescriptible“, a perdu ce soir là l’usage définitif de son œil gauche.
Le policier a toujours nié être l’auteur de la mutilation. S’il reconnaît bien avoir porté un coup de matraque sur l’épaule gauche de Maxime, il soutient n’avoir jamais touché l’oeil, et met tous ses jetons sur une autre version. Selon Christophe Mercier, Maxime Beux se serait blessé en tombant sur un poteau métallique lors de son arrestation. Une version qui a toujours été contestée par les nombreux experts médicaux. “J’ai eu l’impression d’être comme un cafard qui arrive dans le salon d’une maison où il y a quinze personnes attablées et qui cherchent alors à l’écraser“, a-t-il témoigné.
“Pas de triomphalisme”
C’est donc un verdict clément, mais il n’y avait pas lieu de s’attendre à autre chose même si dans les faits le maximum encouru par Christophe Mercier, entouré de ses collègues venus le soutenir, était de 15 ans d’emprisonnement. La Justice n’aime pas trop condamné la police, elle l’a fait un peu devant l’évidence. Dans son réquisitoire, le procureur a estimé que “ne pas condamner Christophe Mercier serait illégal au vu de la loi, le condamner trop lourdement serait inique“.
Devant les micros des journalistes, Maxime Beux a réagi au verdict au sortir du procès: “Cette audience a été comme une thérapie, j’ai dit ce que j’avais sur le cœur. Je n’attendais pas grand-chose en termes de quantum de peine. J’attendais que l’on me rende justice. Venir ici et repartir avec un acquittement aurait été une catastrophe mais il n’y a pas le moindre triomphalisme dans mon propos et mes sentiments. Ce soir, je vais enlever ma prothèse pour nettoyer mon œil et demain matin, je la remettrai. Je vais faire ça toute ma vie.”
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