Gimnasia-Boca: la répression policière et l’éternelle criminalisation des supporters

Le média chilien Revista Obdulio revient sur les incidents qui ont émaillés le match entre Gimnasia et Boca Juniors à l’Estadio Juan Carmelo Zerillo de La Plata, au cours desquels un supporter de Boca est décédé suite à l’utilisation massive de gaz lacrymogènes par la police.

C’était dans les médias toute la semaine. Ce qui s’est passé lors du match entre Gimnasia et Boca Juniors a ouvert un intense débat, non seulement pour définir qui est le principal responsable mais aussi à propos de la façon dont la police traite les supporters présents dans les stades, en partant souvent du principe que ces derniers n’ont aucun droit. Un phénomène que l’on observe également dans le reste de l’Amérique latine.

César Regueiro est le nom du supporter de Gimnasia qui a perdu la vie après les violents incidents survenus au stade Juan Carmelo Zerillo lors du match entre le club local Gimnasia y Esgrima de La Plata et Boca Juniors, où de nombreux fans munis de billets n’ont pas pu pénétrer dans le stade. Pour les disperser, la police de Buenos Aires a utilisé des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes à l’extérieur du stade. Les gaz se sont répandus jusque dans les coursives causant d’innombrables blessures et l’arrêt cardio-respiratoire de Regueiro, âgé de 57 ans.

“Il n’est pas mort, ils l’ont tué”

Comme il fallait s’y attendre, les critiques envers la police ont été légion. “Assassins” a titré le journal populaire Olé. “C’est une honte que ces choses continuent d’arriver dans notre football et à notre peuple“, a déclaré Marcos Rojo, capitaine de Boca Juniors. “Il n’est pas mort, ils l’ont tué“, a déclaré Agustín Cardozo, titulaire pour Gimnasia y Esgrima de La Plata. Le manque de contrôle de la police a même atteint les journalistes pendant les neuf minutes du match: un caméraman de TyC Sports a rapporté avoir été directement visé par des armes anti-émeutes et avoir reçu trois balles en caoutchouc au niveau de l’aine.

La défense de la police, de la bouche du ministre de la Sécurité publique de la province de Buenos Aires, Sergio Berni, était que le club avait survendu le match, et donc que l’émeute à l’extérieur du stade était de la responsabilité du club, en particulier du président de Gimnasia, Gabriel Pellegrino. Le club s’est défendu par le biais de nombreux communiqués: “Le conseil d’administration du club Gimnasia y Esgrima La Plata réitère son rejet absolu des actions disproportionnées de la police de la province de Buenos Aires et de l’APREVIDE (Agence pour la prévention de la violence dans le sport)“. Il affirme en outre qu’il n’y a pas eu de vente excessive de billets, ajoutant avoir “demandé qu’on nous accorde le statut de “particulier sinistré” et de “victime” (…) dans l’unique but de protéger et de sauvegarder les intérêts de notre club“.

“Dans le football latino-américain, les supporters sont coupables jusqu’à preuve du contraire”

Car, malgré les déclarations croisées, il semble que les responsabilités aient déjà été définies: le gouvernement de Buenos Aires a démis de ses fonctions Juan Gobarán, chef de l’opération de police qui s’est déroulée à proximité du stade de Gimnasia. Berni a également fait l’objet d’insultes et de railleries lors de la veillée funèbre de Regueiro, le vendredi 7 octobre. Face à tout cela, Berni est revenu sur ses premières déclarations, rejetant à présent la faute sur l’opération de police. Selon Olé, le déclencheur des affrontements entre supporters et forces de l’ordre aurait été la bousculade d’une jeune fille par un policier. Tandis que l’enquête est toujours en cours et que le bureau du procureur envisage de qualifier l’action répressive de la police de “dommage coupable et violence institutionnelle”, le sous-secrétaire aux Droits de l’Homme a déclaré dans un communiqué qu’il s’agissait “d’une répression excessive et d’un manque de contrôle sans aucune justification“, raison pour laquelle il a annoncé son désir de se porter partie civile dans cette affaire.

Il n’est malheureusement pas rare, dans le football et les stades latino-américains, de voir le traitement réservé aux supporters ne passer qu’à travers le contrôle policier. Certaines voix comme celle de Pablo Alabarces se sont déjà faites entendre à ce sujet: “la gestion de ces spectacles de masse est une gestion policière car les événements sportifs ne sont pas pensés pour accueillir un public ayant des droits de citoyens ou de consommateurs“. Dans le football latino-américain, conclut-il, les supporters sont coupables jusqu’à preuve du contraire.

Traduction YDH

 

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