Après un premier classement sans suite en 2022, le recours à un fichage ethnique de jeunes joueurs, par la cellule de recrutement du centre de formation du PSG dans les années 2010, est à nouveau entre les mains de la Justice. Une plainte déposée début 2023 par la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), partie civile, relance l’affaire.
C’est la suite d’un scandale qui avait éclaté fin 2018 avec les révélations de Mediapart et Envoyé Spécial. Le média s’était alors appuyé sur un dossier des “Football Leaks” faisant état d’un menu déroulant dans les fiches d’évaluation de la cellule de recrutement du centre de formation du PSG avec les entrées “Français”, “Maghrébin”, “Antillais”, “Afrique noire”. Une pratique de sélection des jeunes joueurs sur des critères ethniques qui a eu cours entre 2013 et 2018, alimentant la fixette identitaire d’un foot français déjà secoué par les propos honteux de Laurent Blanc sur les quotas de joueurs bi-nationaux en 2010.
Le PSG avait d’abord évoqué une “initiative personnelle” de Marc Westerloppe, responsable jusqu’en 2018 de la cellule de recrutement dédiée aux territoires hors Ile-de-France, pour le compte du centre de formation. Cette défense avait vite volé en éclat après la publication par le journal L’Équipe d’un document prouvant que ces critères ethniques étaient aussi utilisés par la cellule chargée de l’Ile-de-France. Après une enquête interne, le PSG avait conclu à une absence “de cas avéré de discrimination”, malgré l’existence évidente de ce fichage ethnique qui avait notamment servi à écarter le recrutement du jeune Yann Gboho au motif qu’il y avait déjà “trop d’Antillais et d’Africains sur Paris”.
La LDH ne lâche pas l’affaire
Ces révélations avaient néanmoins conduit le PSG devant la commission de discipline de la LFP qui l’avait sanctionné d’une amende de 100 000 euros. Dans la lignée du Comité National de l’Ethique de la FFF, la commission avait ménagé le PSG. Même si l’utilisation de fiches mentionnant l’origine ethnique était indiscutable, le caractère discriminatoire n’a pas été retenu. Jouant avec les lignes du droit, le PSG parvient à se sortir de l’accusation de discrimination. La Justice emboîte le pas de la LFP trois ans plus tard avec le classement sans suite de l’enquête pénale pour “infraction insuffisamment caractérisée”.
Cette démonstration n’a pas convaincu la LDH qui a déposé une nouvelle plainte avec constitution de partie civile, début 2023. Par la voix de son avocat Me Arié Alimi, la LDH a fait part de sa satisfaction. Sollicité par l’AFP, il a ajouté s’interroger sur les motivations du précédent classement sans suite par une section du parquet de Paris “chargée en théorie de lutter contre les discriminations et les discours de haine”. Pour l’avocat du PSG, cette décision du parquet montre que le club “n’a commis aucune discrimination”. Pas si sûr.
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