Dans le cadre du mois de la mémoire et à quelques jours d’une nouvelle Marche du Silence, les initiatives “Hinchada con Memoria” et “Gol contra la Impunidad” ont rendu hommage aux fans du Club Atlético Peñarol disparus ou assassinés par la dictature.
Le 14 mai dernier, avant la rencontre face à Wanderers des représentantes des “Madres y Familiares” étaient présentes pour recevoir une plaque saluant “leur inlassable combat“. Le rendez-vous était donné sous l’une des tribunes de l’Estadio Campeón del Siglo. Le but était de rendre hommage à ces fans de Peñarol figurant parmi les travailleurs et travailleuses qui ont disparus ou été assassinés sous la dictature militaire qui a duré de 1973 à 1985.
Les mouvements révolutionnaires et progressistes étaient alors la cible d’un terrorisme d’état, appuyé par services secrets américains, et incarné par l’opération Morgan. Une investigation menée à la fin des années 2000 par des universitaires a recensé plusieurs milliers de prisonniers politiques torturés, 116 morts et 172 disparitions forcées. En 2021, les deux collectifs avaient obtenu que José Nino Gavazzo et Manuel Cordero, deux tortionnaires notoires et socios du club, soient rayés du registre.
Dans le cadre de la campagne “Socio Eterno”, visant à faire de ces supporters disparus des membres à vie de Peñarol, ils sont neuf à avoir été honorés: Walner Bentancour, Gerardo Gatti, Winston Mazzuchi, Nebio Melo Cuesta, Luis Eduardo González, Miguel Mato, Enrique Lucas, Santiago Rodríguez et Félix Ortiz. “Qu’est-ce qu’un socio éternel ? C’est un supporter du club qui n’est pas avec nous aujourd’hui parce qu’il ou elle a disparu ou a été tuée par la dictature militaire et le terrorisme d’État. Mais au sein de notre hinchada, nous voulons lui donner une place pour toujours“, ont expliqué les collectifs dans une déclaration diffusée sur les réseaux sociaux.
Ce statut symbolique de “socio éternel”, via une carte de membre remise aux proches des disparus lors d’une cérémonie publique, est une manière d’immortaliser leur lien avec le club. C’est aussi une contribution au combat pour la mémoire mené par la société civile uruguayenne. “Le football est l’une des passions les plus profondes dans ce coin du monde, il fait partie de notre identité. Et la mémoire d’un peuple se construit chaque jour et de toutes les manières.”
La direction du club est appelée par les collectifs à formaliser cette initiative. “Le Club Atlético Peñarol, en raison de ses origines ouvrières et populaires reconnues, a aujourd’hui l’opportunité historique d’envoyer un signal fort en matière de respect des droits de l’homme“, ont-ils déclaré. Des initiatives similaires ont déjà été organisée, notamment en Argentine par les supporters du Racing. En Uruguay, on se souvient aussi de l’engagement du Club Social y Deportivo Villa Española en faveur de la mémoire des victimes de la dictature militaire et du terrorisme d’état.
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