Deux jours après la défaite des Bleus face à la Suisse, leurs supporters se remettent progressivement de leur gueule de bois. Le moment de livrer deux trois sentiments un peu à l’emporte-pièce.
Dans sa fable des deux coqs, La Fontaine enseigne qu’il faut se méfier du destin qui se plaît à donner des leçons. “Tout vainqueur insolent à sa perte travaille”: une morale écrite pour les Bleus et surtout ceux qui en faisaient d’impitoyables favoris.
Sans avoir vraiment regardé France-Suisse, on se gardera d’avoir un avis sur les choix tactiques ou sur les performances individuelles. L’Equipe de France a sans aucun doute perdu le match sur le terrain. Après tout le foot des nations reste un foot qui se joue avec les mêmes règles. Elle l’a aussi sûrement perdu en-dehors, dans la mauvaise gestion de sa confiance en elle. Un manque d’humilité largement exprimé par le traitement de cet Euro 2021 par quelques médias dominants.
Le seul quotidien sportif du pays n’a fait que se vautrer dans cette arrogance avec ses unes pleines de chauvinisme. Assumer d’être favori est une chose, l’exhiber, y compris en mobilisant des références patriotardes-guerrières, devient une provocation risquée. L’Equipe de France s’exposait logiquement à un retour de boomerang, mais aussi à ce qu’on souhaite la voir perdre.
Qui c’est les plus forts ? Évidemment c’est pas les Bleus
L’arrogance patriotique qui a transpiré de la campagne médiatique autour de la prétendue supériorité de l’Equipe de France était aussi malaisante qu’annonciatrice de l’échec. Le bad buzz autour de l’hymne de Youssoupha et la polémique du “genou à terre” ont certes mis à mal, sous les coups de boutoir de l’extrême-droite, l’unanimité dont jouissaient les Bleus depuis la victoire de 2018. Mais ils étaient armés pour faire face à ça.
Le come-back in extremis de Karim Benzema a été salué de telle sorte que la belle histoire semblait déjà écrite pour certains. Avec le meilleur trio offensif du monde entier, l’Equipe de France ne pouvait que gagner. Un peu comme quand en 2002, les pubs annonçaient la deuxième étoile sur la tunique bleue.
On aurait dit que la communication calibrée des Bleus, qui avait été une de leurs forces au Mondial 2018, a cette fois-ci semblé échapper à tout contrôle et à toute auto-discipline. Immanquablement, l’ego de certains s’est mis au centre.
Pourtant impliqué dans la plupart des buts marqués par son équipe, Kylian Mbappé, est le réflecteur de ce nombrilisme et de cet excès de confiance affiché hors du terrain. Ce gamin talentueux comme il en pousse un tous les dix ans, s’est pris les pieds dans ce football individualiste, miroir de la société du spectacle, dont il maîtrise déjà tous les codes. Il est un peu ce coq orgueilleux de la fable qui, se perchant au sommet s’y fit plus facilement croquer par un vautour à l’affût.
Cette élimination, Mbappé et ses partenaires s’en relèveront plus forts, c’est certain. Mais s’en relèveront-ils plus humbles ?
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