Le matin du 4 septembre, les enfants de l’école de football populaire du Spartak San Gennaro, accompagnés de leurs mères et de responsables associatifs, ont manifesté devant la mairie de Naples pour réclamer le droit d’utiliser gratuitement le terrain municipal sur lequel il joue.
Dans le paysage du calcio popolare, le Spartak San Gennaro occupe une place singulière. Cette école de foot, née dans le quartier du Montesanto il y a environ six ans, est exclusivement tournée vers la jeunesse des quartiers populaires napolitains, sur une base de gratuité. Alors bien sûr, quand la mairie de Naples prévoit de rendre payante la location de ses installations, des projets comme celui du Spartak San Gennaro sont en péril. Une privatisation accrue des espaces publics qui vient entraver le droit à jouer au foot des plus précaires, qu’ils viennent de Montesanto ou des Quartieri Spagnoli.
Les membres du Spartak San Gennaro estiment qu’avec cette décision ils devraient débourser environ 11 000 euros par an pour louer son petit terrain, seulement deux jours par semaine. Soit 45 euros de l’heure, un prix digne des installations privées! Complètement autofinancé, le club n’a pas cette somme. “Pour nous, qui ne demandons rien aux familles, c’est un obstacle insurmontable. On nous a promis la gratuité ou une forte réduction, compte tenu du caractère social de notre projet, mais cela est resté des paroles”, déplore Ester Serra, présidente du club.
Le club compte aussi sur Sergio D’Angelo, élu municipal du groupe “Napoli Solidale” qui a déposé un amendement pour permettre à des entités comme le Spartak San Gennaro d’utiliser gratuitement les installations sportives municipales. “La municipalité ne pense qu’à gagner de l’argent et non à donner aux enfants la possibilité de jouer sur un terrain public qui devrait être au service de la communauté. Ainsi, à ce jour, nous nous retrouvons avec 100 enfants qui risquent de n’avoir aucun espace pour jouer”, ajoute Ester Serra.
Au nom du “droit au sport”
Pour l’entraîneur Alessandro Ventura, la revendication ne doit pas seulement concerner le projet du Spartak San Gennaro. “Nous voulons que la municipalité établisse une exemption pour tous les sports pratiqués gratuitement. Nous ne recevons pas de fonds publics, nous nous autofinançons grâce au soutien de nos supporters et des parents”, a-t-il précisé, défendant le “droit au sport” des jeunes des quartiers paupérisés de Naples. L’école de foot met aussi en avant ses valeurs et son engagement contre la fatalité de la rhétorique des “destins voués à l’échec”.
Derrière une banderole “Ni promesses ni paroles, des terrains pour jouer au football”, ils ont défendu le rôle social et éducatif du club, appuyés par plusieurs mamans. “Moi qui ai un passé d’illégalité, j’essaie de tenir mes garçons à l’écart de la rue, je ne veux pas qu’ils deviennent des camorristes”, a développé Susy, habitante des Quartieri Spagnoli. Une autre maman évoque ses craintes pour l’avenir. “Comme d’autres mères, je n’ai pas les moyens de payer une école de football. Ces gens s’occupent de mon fils sans rien demander et le protègent des dynamiques dangereuses.”
Dans son combat le Spartak San Gennaro a reçu le soutien de l’acteur napolitain Gianfranco Gallo, qu’on a vu dans la série Gomorra de Roberto Saviano et qui a récemment réalisé le documentaire “Il Fuoco nella Balena – I Devoti dello Spartak San Gennaro”. S’il juge “délirant qu’un club qui ne prend pas d’argent et qui sort un grand nombre de gamins de la rue ne soit pas aidé”, il se veut optimiste et est déterminé à aider le club. Il a annoncé une série d’événements pour collecter des fonds destinés aux jeunes du Spartak, à commencer par le 20 septembre avec un concert dédié à Pino Daniele.
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