Après ce week-end marqué par la reprise de la Ligue 2, on a pu voir que malgré le Pass Sanitaire, le retour en tribunes n’a pas été boudé par les supporters. Les premiers communiqués laissent entrevoir que les ultras sont divisés sur la question.
Ils ne sont que quelques groupes de supporters à avoir fait état de leur positionnement quant au Pass Sanitaire, dont la généralisation a été annoncée lors du discours d’Emmanuel Macron le 12 juillet dernier. Ce qui, dans les stades de foot, se concrétise par la mise en place d’un triple contrôle à l’entrée: QR Code + Carte d’Identité + Billet. “De quoi donner envie de faire demi-tour” écrivions-nous dans un parti pris contre ce dispositif sécuritaire. Un avis qui n’est pas partagé par tous les groupes.
Que ce soit en L1 ou en L2, les groupes ultras avancent en ordre dispersé. Parmi les premiers à avoir communiqué, la Tribune Nord Sochaux (TNS) a d’abord souligné le problème du timing pour être dans les clous du Pass Sanitaire qui créé une fracture entre ceux en mesure de répondre aux exigences et les autres. En l’état, pour la TNS il est “impossible de se présenter au stade en tant que groupe alors que tous nos membres ne pourront pas être présents“. Le groupe rappelle aussi que “chacun est libre de s’y rendre, s’il le peut et s’il le souhaite“.
Certains vont jouer le jeu mais rester vigilants
Leurs homologues dijonnais des Lingon’s Boys sont aussi sensiblement sur cette base de laisser à chacun le libre choix d’accepter ou non les conditions du Pass Sanitaire, bien qu’ils incitent clairement “ceux qui le veulent et qui le peuvent” à se rendre au stade pour y “communier ensemble“. Néanmoins, toujours à cause des délais – bien qu’un test PCR de moins 48h fasse aussi l’affaire – les Lingon’s Boys ont annoncé que la bâche du groupe ne sera pas sortie à domicile, “par respect pour tous nos camarades ne pouvant se rendre au stade Gaston-Gérard.”
Les Indians Tolosa font partie de ces groupes qui acceptent “de jouer le jeu du Pass Sanitaire“. Ils concèdent que cette décision a été prise après un long débat et que la mesure gouvernementale a “beaucoup divisé [leurs] rangs“. Comme pour les ultras dijonnais, cette “concession” faite au Pass Sanitaire implique la garantie qu’aucune autre restriction ne viendra entraver une animation des tribunes comme ils le faisaient avant l’épidémie. Et les Lingon’s comme pour les Indians appellent à rester vigilants quant à la pérennisation de ce dispositif qui ne peut être, à leurs yeux, que temporaire.
En Ligue 2, plusieurs groupes ont, dans leur communication, fait comme si le Pass Sanitaire ne changeait pas grand-chose, donnant rendez-vous à leurs membres et sympathisants en tribune. Du côté de la Ligue 1, on retrouve un peu de ça dans le communiqué des Red Tigers lensois qui se contentent de rappeler sans nuance, ni critique, les nouvelles conditions pour pouvoir accéder au stade. Même son de cloche pour les ultras strasbourgeois qui annoncent le retour au stade, “avec [leurs] activités habituelles“, pour la réception d’Angers le 8 août prochain. Autrement dit tout serait redevenu normal, “seul changement, glissent toutefois les UB90, le Pass Sanitaire à respecter, mais ceci concerne chacun d’entre nous en sa propre personne“.
La prise de position courageuse des ultras montpelliérains
S’agit-il d’un excès de légalisme? Une expression de fatalisme? Difficile de ne pas y voir aussi le résultat de la levée des jauges, des distanciations et de l’obligation du port du masque (annoncée par la ministre des Sports, mais qui peut encore être remise en cause par les préfets en fonction de la situation épidémiologique locale) conjuguée à la réelle sensation de manque causée par près de seize mois sans accès aux stades. “Si les avis divergent à propos de ce Pass Sanitaire, il nous paraît important de réinvestir notre stade et notre tribune après tant de privations, de moments d’isolement” écrivent les Lingon’s Boys. Certains groupes ont eu du mal à envisager de boycotter un retour au stade après en avoir été tenus éloignés de si longs mois. Quitte à faire un écart ponctuel dans le combat contre la répression, l’hyper-sécurisation et le fichage, point central de leur engagement dans les tribunes comme en-dehors.
Pour le moment, seuls les Montpelliérains de la Butte Paillade 91 et des Armata Ultras 2002 ont, dans un communiqué commun, exposé un refus catégorique de retourner au stade dans ces conditions. “Nous qui n’avons jamais accepté de présenter une pièce d’identité pour entrer dans un Stade, comment accepter de telles mesures d’identification et de classement des personnes?” Pour les deux groupes pailladins c’est un crève-cœur, mais une telle mesure doit se refuser dès maintenant: “Soyons réalistes, de telles mesures, si elles sont adoubées par la masse, ne seront jamais remises en question et seront considérées comme une nouvelle norme pour des décennies“. La reprise du championnat de Ligue 1 est prévue dans deux semaines, d’autres groupes devraient d’ici là exprimer leur position.
Face à l’annonce de la généralisation du #PassSanitaire aux lieux culturels comme aux installations sportives, des groupes ultras commencent à manifester leur hostilité. Un positionnement dans la continuité de leur engagement quotidien contre les délires sécuritaires ⤵️
— Dialectik Football (@DialectikF) July 23, 2021
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