Depuis 2009, le Trophée des Champions – opposant le vainqueur de la Ligue 1 à celui de la Coupe de France – est organisé hors de France par la LFP, un moyen de promouvoir son produit à l’international. Pour la deuxième année d’affilée, il se tiendra à Tel Aviv. Un choix qui suscite des protestations.
Le 31 juillet prochain au Bloomfield Stadium de Tel Aviv, la 46e édition du Trophée des Champions opposant le FC Nantes au PSG. Une délocalisation au Proche-Orient dont se vante la Ligue de Football Professionnel (LFP), dans un communiqué publié sur son site internet le 17 mars dernier. “Après une première édition à guichets fermés, la Ligue de Football Professionnel et Sylvan Adams, philanthrope et homme d’affaires de premier plan, en partenariat avec Comtec Group, sont heureux d’annoncer le retour du Trophée des Champions en Israël“.
Du Al-Khader SC au MFC 1871
Un an plus tôt, Mathieu Ficot, directeur général adjoint de la LFP expliquait clairement les objectifs de ce partenariat. “Le développement à l’international de la Ligue 1 Uber Eats reste l’une des priorités de la LFP. Notre objectif, c’est de toujours mieux exposer les clubs français à l’international, mieux faire connaître la Ligue 1 Uber Eats à l’étranger et notamment au Moyen-Orient. Cette collaboration avec COMTEC Group vient renforcer notre volonté de promouvoir le football professionnel français dans une région clé pour son développement.”
L’édition 2022 du Trophée des Champions est contestée par un grand nombre de collectifs, d’associations et même de clubs de football qui ont signé un appel commun. Parmi les signataires, on retrouve notamment l’Association palestinienne des footballeurs amputés, le Shabab Al-Khader SC, le Forum Sportif Démocratique de Gaza, ou encore le MFC 1871, le Foot du Peuple de Montpellier et le Spartak Lillois. Le texte exhorte sans beaucoup d’espoir Vincent Labrune, Waldemar Kita et Nasser Al-Khelaïfi – respectivement présidents de la LFP, du FC Nantes et du PSG – à “relocaliser cette rencontre en France ou à la déplacer vers un autre pays.”
L’homme d’affaire Sylvan Adams, présenté partout comme un “milliardaire philanthrope”, est aussi un fervent sioniste qui investit dans l’organisation d’événements sportifs majeurs – comme le départ du Giro 2018 depuis Jérusalem – pour valoriser l’image d’Israël. L’organisation du Trophée des Champions s’inscrit en effet dans cette stratégie. Pour les différents signataires, “il s’agit d’un événement de sportwashing visant à ‘blanchir’, par le sport, l’occupation militaire, la colonisation, le système d’apartheid de l’État israélien et ses crimes.” Depuis le début de l’année 2022, une soixantaine de citoyens palestiniens ont été tués par les forces d’occupation, parmi lesquels figurent les journalistes Shireen Abu Akleh et Ghufran Warasneh, et les jeunes footballeurs Mohammad Ghneim et Thaer Yazouri.
“Gaza reste une prison à ciel ouvert”
La tenue du Trophée des Champions à Tel Aviv est une occasion de plus pour le mouvement pro-palestinien de mettre en lumière la violence de la colonisation israélienne. “Un an après la dernière attaque meurtrière de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, rien n’a véritablement changé. Le territoire est toujours sous blocus illégal. Peu de bâtiments ont été reconstruits. Gaza reste une prison à ciel ouvert subissant toujours et de manière régulière des bombardements israéliens.“
Le texte d’appel parle de 4450 prisonniers palestiniens, dont 160 enfants. Dans le lot 600 sont en détention administrative, c’est à dire sans inculpation ni jugement, comme c’est le cas de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri. “Jouer cette rencontre à Tel Aviv contribuerait à masquer ces réalités. Nous refusons de voir le football français et ces deux équipes être complices des violations israéliennes du droit international et des droits humains palestiniens.”
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